Le Mali a célébré ce mardi 8 mars 2022 la journée internationale de la femme, dans la diversité et le contraste culturels. À peine les rideaux tombés sur les trois jours décrétés suite à la mort de près de trente de nos soldats tombés pour défense de la patrie, des kermesses féminines étaient organisées partout sur le territoire national pour contenter et apaiser les velléités revendicatrices du Genre… sur une toile de fond théâtrale de mauvais goût. Des chefs de famille honnêtes et consciencieux se sont exhibés et rivalisés sur les réseaux sociaux pour remporter le tablier du meilleur cuisinier…
Sur l’agenda institutionnel, le contraste était saisissant. En marge de la grande messe annuelle du genre où l’on s’efforce de magnifier les progrès du Genre dans un pays de tradition phallocentrique, deux ministres s’arrachent les poils de la tête et se démènent comme de beaux diables pour éviter à la nation les impacts d’une conjoncture que la géopolitique internationale et sous régional impose.
Face à la problématique de l’approvisionnement de notre pays en blé et farine dans le contexte de la crise Russie-Ukraine, Mahmoud Ould Mohamed, ministre de l’Industrie et du Commerce dans le souci d’anticiper a choisi de se concerter avec les acteurs de la filière Blé-Farine-Pain, pour sécuriser les stocks et éviter toutes formes de rétention ou de pénurie. Parce que l’intervention russe en Ukraine a provoqué une augmentation brusque du cours du blé sur les places boursières. Cette situation combinée aux effets des sanctions de la CEDEAO à l’encontre de notre pays risque de compliquer davantage son approvisionnement en blé au regard de la place de la Russie et de l’Ukraine en matière d’exportation de blé au monde.
À court terme, le coût devrait encore grimper face à une forte demande de certains pays clients anticipant les achats, selon les prévisions. Et comme, on est devenu «civilisé» pour croquer les beignets que nos grand-mères et arrières grand-mères savent si bien faire, alors il nous faut du pain, peu importe la qualité, donc du blé.
À quelques encablures de cette judicieuse anticipation, lundi 7 mars, tel un marchand de vent de sable qui ambitionne de reverdir le Sahara au moment où le commun des mortels, dans un contexte de désertification, cherche quelques morceaux de charbon pour faire bouillir la marmite, Modibo Koné, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, convie quelques-uns de ses collègues initiés pour divertir de ses obligations. Pour quoi faire ? Une séance de divination !
En effet, ça ressemble bizarrement à du « Latrou gossi » ce farniente ministériel pour dit-on « mettre en place un plan d’urgence de prévention des inondations en période pluviale et mesures appropriées de protection et de sauvegarde du fleuve Niger».
Point de persiflage, Mali-météo faite des prouesses maintenant : on aura de belles inondations l’hivernage prochain, sic ! Alors mieux vaut prévenir que guérir !
En attendant, le déluge prophétisé et l’arche de Noé version malienne, le ministre Abdoulaye Diop a des soucis à se faire : son ambassadeur a été convoqué par les Maures pour se voir sermonné pour la disparition miraculeuse de 15 nomades.
La protestation mauritanienne ne tombe pas en effet dans l’oreille d’un sourd. Car la Mauritanie, c’est notre plan B contre les sanctions de la CEDEAO et notre partenaire discret, mais fiable dans la lutte contre le terrorisme.
Face à cette désharmonie ministérielle, on comprend et partage légitimement la volée de bois vert du président de la Transition le Colonel Assimi Goïta qui somme le Premier ministre d’exiger plus de rigueur et de constance de la part de ses ministres qui semblent faire de l’école buissonnière leur sport favori. Le Colonel des colonels « n’entend plus tolérer des absences non justifiées et non autorisées de ministres lors du traditionnel Conseil des ministres du mercredi».
Parce que le Mali Koura ne peut être au prix d’un farniente, pardon d’un absentéisme au sommet de l’État.
Comme l’écrit si éloquemment cet activiste, l’absence injustifiée d’un haut responsable de l’État dans le Mali d’aujourd’hui en quête d’exemplarité, de repères et en temps de guerre est tout simplement innommable, immorale et inacceptable.
Le service de la Nation exige un don de soi, un dévouement et une recevabilité d’être un privilège, un atout ou filon.
Dans le Mali d’aujourd’hui et dans celui en chantier, il n’y a pas de place pour le laisser-aller. Comme le dirait l’autre, paix à son âme, le service du Mali, ce n’est pas une partie de plaisir, ce n’est pas un pique-nique entre bandes joyeuses de copains. C’est pourquoi il faut commencer par congédier tout ministre et tout haut cadre pris en flagrant délit de vadrouille.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin