La très mauvaise bonne initiative de Me Kassoum TAPO, Avocat de l’ancien Premier ministre Boubou CISSE, dont il a par ailleurs été ministre de la Justice, de mettre sur pied un mouvement politique dénommé Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA), n’est pas passée inaperçue sur la scène politique et médiatique. Pas seulement parce que la résonnance de ce MORENA rappelle bizarrement celle du Mouvement Révolutionnaire pour le Redressement National (récépissé N°626/MATS-DNAT du 03/10/94) fondé par le Camarade Guide Suprême du Haut commandement de la Révolution, Lassana DOUMBIA et qui avait cheminé lors de la dernière présidentielle avec l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBE dans le cadre du Nouveau pôle politique (NPP).
Outre le fait que son fondateur Me Kassoum TAPO, est et reste un respectable baron de l’Alliance pour la démocratie au Mali, Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), la bizarrerie de la création de ce Mouvement politique tient au fait que l’ancien Bâtonnier qui est par ailleurs membre du CE-ADEMA vient de signer, il y a juste une dizaine de jours, le 18 mars, a été son grand retour à la section ADEMA de Mopti où il a été élu, au grand soulagement de tous, secrétaire aux relations publiques et aux affaires judiciaires.
Affaires judiciaires riment-elles avec intérêts politiques ? L’avocat représenterait-il son client au plan politique aussi ? Les mauvaises langues le disent. Mais, il faut reconnaître cependant à Me Kassoum TAPO qui reste un des vieux routiers de la politique malienne une certaine stabilité politique sinon un immobilisme. Depuis qu’il a adhéré à l’ADEMA, il n’a pas encore changé de veste. Et rien n’indique qu’il le fasse dans cette confusion.
En effet, le MOREMA de Me TAPO n’est pas un parti politique, mais un simple mouvement politique dont l’ambition est de fédérer toutes les sensibilités en vue d’aider à sortir le Mali du gouffre. Ce casting qui n’exclut personne n’est pas sans hiatus avec l’engagement politique et l’appartenance à un parti politique. Parce que derrière l’ambition refondatrice du Mali, c’est un programme politique qui en vérité propose une nouvelle façon de gérer le Mali. Parce que le prêche qui caresse la réussite de la Transition dans le sens du poil n’est que pirouette pour gagner du temps dans la compétition déjà ouverte entre les chapelles pour rempiler en 2022. Et pour être dans le peloton de tête, le MOREMA de Me Kassoum TAPO propose de refonder le Mali. Ko ka Mali Kouraya !
Venant de l’ancien ministre de la Justice jusqu’au coup d’État du 18 août 2020 ou par procuration de son ancien patron de Premier ministre entré dans la clandestinité, depuis décembre dernier, il y a de quoi perdre leur latin à certains Maliens qui ne comprennent pas comment les « gens de IBK » puissent eux aussi vouloir refonder le Mali. Dabali ban ko té wa, s’époumone un Facebookeur comme les «gens d’IBK » devraient être disqualifiés de l’avenir du Mali. Le hic ce n’est pas le droit à l’ambition, même à la prétention, mais la perception, disons la réceptivité d’une vision politique à un temps T. Toutes choses qui font dire dans certains états-majors qui prônent le renouveau que les gens aux antécédents mafieux et affairistes qui ont œuvré pour faire sombrer le Mali avec la cécité politique du Président IBK veulent, à l’occasion de cette Transition, brouiller les pistes de l’émergence de notre Maliba en créant des structures fantômes. Pour d’autres ce sont ces mêmes personnes qui ont géré ce pays depuis de l’avènement de la démocratie, soit une trentaine d’années, sans rien pu apporter, mais à chaque événement c’est eux qui parlent de refondation.
Au fondateur du nouveau MOREMA, on ne reproche pas que le compagnonnage avec IBK jusqu’à sa chute, mais son parcours politique à la CENI de 1997, mais surtout en tant que membre de la Commission qui a rédigé la Constitution de 1992 lors de la Conférence nationale. Généralement, les Constitutions sont des œuvres pérennes. C’est pourquoi Me TAPO ne devrait, selon eux, figurer parmi les réformateurs du Mali.
À moins, croit savoir le chroniqueur, de refonder la refondation pour penser l’impensable, et faire l’infaisable. Parce qu’après tout en politique malienne aussi «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme».
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN