Seconde phase de la Transition : Le gouvernement Choguel ne rassure pas

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Les membres du gouvernement
Les membres du gouvernement

Le gouvernement viole la charte de la Transition et n’est nullement inclusif, comme souhaité pour une période transitoire consensuelle susceptible de relever les nombreux défis auxquels le pays est confronté.

Avec ses 28 membres, le gouvernement du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga viole la charte de la Transition, qui impose le nombre limite des membres de l’équipe gouvernementale à 25 au maximum.

En effet, cette équipe gouvernementale traduit l’emprise dominante des colonels putschistes sur l’appareil d’Etat. Puisque l’on fait état d’au moins 15 portefeuilles que le colonel Assimi Goïta et ses principaux lieutenants contrôlent. Parmi ceux-ci l’on note les portefeuilles stratégiques comme la Défense, la Sécurité, l’Administration territoriale, la Réconciliation nationale sont détenus par des militaires issus des rangs de l’ex-CNSP. Il s’agit du numéro deux des deux coups d’Etat, le Colonel Sadio Camara, du Colonel Daoud Mohamedine, du Lieutenant-Colonel Abdoulaye Maïga et du Colonel Ismaël Wagué. Sans compter que plusieurs ministres civils sont des protégés ou parents ou amis des officiers putschistes, donc des membres « civils » ou des sympathisants avérés de l’ex-CNSP.

Ces constats amènent à croire que le Premier ministre n’a qu’une trop faible influence sur l’équipe gouvernementale. Ceci d’autant que Dr Choguel Kokalla Maïga n’a pas pu nommer un seul de ses plus proches cadres de son parti, le MPR, ni du regroupement FSD/M5-RFP à un seul portefeuille de souveraineté ou du moins à un département stratégique de l’équipe. Le chef du gouvernement n’a pu loger que Ibrahim Ikassa Maïga à la tête du ministère de la Refondation. Sans oublier que ce ministère ne pourra visiblement rien faire de concret dans le délai limité et trop court des neuf mois restants à cette transition.

En outre, comment comprendre qu’un Premier ministre politique n’ait pas pu mettre sur pied un gouvernement de « large ouverture » comme annoncé. Comment expliquer la mise à la touche des grands regroupements politiques comme la COFOP, l’EPM, l’ARP, FSD-SAP, des partis politiques comme l’ADEMA-PASJ, du RPM, etc ?

Avec cinq cadres politiques au sein d’un gouvernement de 28 membres, de quelle ouverture peut-on parler pour l’équipe Choguel ? Or il était attendu que ce gouvernement connaisse un élargissement de sa base sociale afin de susciter une forte adhésion des populations à la dynamique de changement attendue. Comment une telle équipe peut aider à apaiser le climat sociopolitique, même si plusieurs formations politiques affichent accompagner le gouvernement ?

Cependant, l’on peut se réjouir d’une volonté forte d’impulser certains aspects de la gouvernance du pays comme la lutte contre la corruption avec la nomination d’un magistrat anti-corruption au ministère de la Justice. Idem pour le défi d’une restructuration de la gouvernance du secteur de la défense, avec une remise en selle du Colonel Sadio Camara. Cet officier acteur majeur du coup d’Etat contre IBK pourrait-t-il insuffler une nouvelle dynamique aux forces de Défense dans le contexte actuel de retrait progressif de la France du Mali et du Sahel ? L’on peut l’espérer quand les observateurs tablent sur sa proximité avec la Russie pour donner un nouveau visage à la coopération militaire avec le pays face au péril terroriste.

Par ailleurs, avec la nouvelle équipe gouvernementale, il n’est pas exclu que malgré la résignation des acteurs politiques, restés sur leur soif, des velléités d’adversité se fassent sentir pour tacler le chef du gouvernement. Peut-il convaincre le chef de l’Etat sur la nécessité d’aller à la rupture à la gouvernance par exemplarité » ? Rien n’est gagné d’avance. L’avenir est gros de défis et les Maliens sont obligés de se donner la main, privilégier la survie du pays pour se donner des chances de…renaître

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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