Secteur minier Le brigandage d’Etat

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La mine d'or de Fekola (image d'archive )
La mine d'or de Fekola (image d'archive )

Alors que B2Gold, à travers sa filiale Menankoto SARL, a dépensé 27 millions de dollars US à ce jour, dans le développement du site du Menankoto (Kéniéba), a foré plus de 250 000 mètres dans plus de 5 OOO trous de forage et a découvert une ressource initiale de d’environ 770 000 onces d’or, qu’elle a budgétisé 6 millions de dollars US pour son programme d’exploration de Menankoto prévu pour cette année (2021), qu’en vertu du Code minier de 2012, Menankoto SARL avait droit à une nouvelle prolongation d’un an du permis de Menankoto, le ministère des Mines, de l’énergie et de l’eau lui refuse le nouveau permis sous prétexte que la demande d’un tiers est en cours d’évaluation qui n’est autre que ‘’Little Big Mining’’ une société écran créée pour les besoins de la cause. Immersion dans l’univers d’un brigandage d’Etat infâme.

L’une des principales zones d’exploration, au-delà de la mine d’or de Fékola, est le permis de Menankoto, à quelques 20 Km au nord de Fékola. Afin de continuer à développer l’activité de B2Gold au Mali, apprend-on, la société s’est rapprochée du Gouvernement pour développer le permis de Menankoto. Pour ce faire, révèlent nos sources, elle a dépensé 27 millions de dollars US à ce jour, dans le développement du site.

De solides arguments

L’on apprend que B2Gold a initialement bénéficié d’un permis d’exploration à Menankoto pendant sept ans durant la phase d’exploration. Au cours de cette période, elle a foré plus de 250 000 mètres dans plus de 5 000 trous de forage et a découvert une ressource initiale d’environ 770 000 onces d’or sur la zone du permis de Menankoto. La société a budgétisé 6 millions de dollars  US pour son programme d’exploration de Menankoto prévu pour cette année (2021).

En outre, apprend-on de sources proches du dossier, la société a prévu de finaliser en 2021 son étude d’impact environnementale et sociale et son étude de faisabilité nécessaires pour obtenir un permis d’exploitation minière et de mettre en production la zone du permis de Menankoto, en collaboration avec la mine de Fékola.

Les sources proches de la société sont formelles : le permis de Menankoto n’a jamais fait l’objet d’un accord entre Barrick et B2Gold. Les mêmes sources expliquent que le projet de développement est plutôt un partenariat entre B2Gold, par le biais de Menankoto SARL, une filiale de B2Gold constituée au Mali, et une entité malienne, à savoir la Société Ingénierie, Informatique, Exploitation Minière (S2EIM), titulaire du permis initial de Menankoto, avant que ce permis soit transféré, en 2016, à Menankoto SARL.

En vertu du Code minier de 2012, Menankoto SARL avait droit à une nouvelle prolongation d’un an du permis de Menankoto. Mais, la demande a été refusée par le ministère des Mines sous le prétexte que c’est le Code de 2019 qui s’applique au permis de Menankoto plutôt que celui de 2012.

Evidemment, nous fait-on savoir, B2Gold n’était pas d’accord avec cette lecture biaisée du ministère des Mines d’une situation qui devient de plus en plus pestilentielle. Qu’à cela ne tienne, nous fait-on savoir, sans préjudice de ses droits, en vertu de sa Convention d’établissement et du Code minier de 2012, elle s’est conformée de bonne foi aux instructions du ministère des Mines qui lui a donné toutes les assurances que si Menankoto SARL demandait un nouveau permis, sa demande serait rapidement accordée. Ainsi, étant dans son bon droit et faisant foi aux engagements de l’Etat, à travers le ministère des Mines, Menankoto SARL a été le premier demandeur à soumettre une demande, le 4 FEVRIER 2021, pour un nouveau permis d’exploration, en vertu du Code minier de 2019, couvrant la zone du permis de Menankoto.

En vertu du Code minier de 2019, Menankoto SARL étant le premier demandeur du permis, avait droit au nouveau permis conformément au principe du ‘’premier venu premier servi’’ du Code minier de 2019.

Les dessous d’une cabriole

En violation des dispositions du Code minier de 2019 dont il se prévaut, le ministère des Mines rejette la demande de nouveau permis de la société, en informant Menankoto SARL, le 3 MARS, que la demande d’un tiers était en cours d’évaluation en ce qui concerne le gisement de Menankoto. Très procédurière, Menankoto SARL a officiellement notifié au Gouvernement qu’elle contestait la délivrance d’un permis couvrant la zone de Menankoto à un tiers, le 15 MARS 2021, comme l’exige la Convention d’établissement entre l’Etat du Mali et Menankoto SARL, y compris son intention d’exercer tous les droits légaux disponibles pour corriger la délivrance frauduleuse d’un permis couvrant la zone du permis de Menankoto à un tiers.

Quelles sont les dessous de cette cabriole aussi spectaculaire que scandaleuse du ministère des Mines qui passe à la tronçonneuse le crédit du Mali au plan international ?

Selon les spécialistes du secteur minier, l’on est en présence d’un cas typique d’une pratique bien ancrée dans le milieu sous nos tropiques. Avec un cynisme à la mesure de leur âpreté au gain financier, les représentants de l’Etat ont fabriqué une société écran à laquelle est attribué frauduleusement le permis. Ainsi, faute de renouvellement, B2Gold et son partenaire «S2IEM» ont vu leur permis attribué à ‘’Little Big Mining’’ une société créée récemment et qui n’a aucune expérience en la matière. Qui sont les actionnaires de cette société ? That is the question. L’on apprend qu’il s’agit de deux jeunes opérateurs économiques dans différents domaines d’activité.

Le premier actionnaire s’appelle Mamadou YARA, très connu dans les milieux des hydrocarbures puisqu’il est le Président directeur

général de Yara Oil et fils de Djonkè YARANANGORE, tandis que le second est Yaya YATTASSAYE, Administrateur de société et très connu dans le milieu des B.T.P. à travers sa société Toka Aluminium.

Selon nos sources, l’on est en présence d’un banditisme impliquant des représentants de l’Etat à un niveau élevé.

Dans de nombreux milieux, l’on s’accorde à reconnaitre que cette affaire rocambolesque est une véritable bombe à retardement pour le Gouvernement de la Transition puisque, selon nos informations, le permis a été délivré à la Société ‘’Little Big Mining’’ contre l’avis du Premier ministre Moctar OUANE qui était partant pour le renouvellement du permis au profit de B2Gold. Autant dire qu’une révision conduisant à une dépossession n’est pas à exclure, quand bien même, nous apprend-on, B2Gold explore d’autres pistes pour le triomphe de la légalité. Ce qui ne manquera bien sûr pas de faire des vagues en ce qui est de notre crédit, mais aussi de nos relations avec des partenaires stratégiques.

Un partenariat important

B2Gold Corp est une entreprise canadienne qui est active dans notre pays depuis 2015. Elle est actuellement l’un des plus grands investisseurs dans le pays et le deuxième plus grand producteur d’or. La mine de Fékola de B2Gold, dans la région de Kéniéba devrait produire entre 530 000 et 560 000 onces d’or en 2021.

Notre pays jouit d’une solide réputation internationale en tant que destination importante, un pays qui respecte ses accords et qui traite équitablement les investisseurs. Depuis que B2Gold a commencé ses investissements dans notre pays, la société a bénéficié d’une relation positive et mutuellement bénéfique avec le Gouvernement, y compris l’octroi et le renouvellement continus de plusieurs permis d’exploration. B2Gold bénéficie également des liens très étroits qui existent entre le Gouvernement du Mali et celui du Canada qui remontent à plus de cinq décennies. En effet, les deux pays ont développé un partenariat solide par le biais de liens personnels, d’aide au développement, de commerce et d’investissements.

L’investissement de B2Gold au Mali a profité au peuple malien de nombreuses façons.  B2Gold a apporté au pays les normes les plus élevées en matière d’exploitation minière internationale, le Canada étant leader en matière de pratiques minières durables.

La mine de Fékola constitue un partenariat important entre le Mali et B2Gold, l’État malien étant partenaire à 20% avec B2Gold. Depuis le début de l’exploitation de la mine de Fékola, en 2017, G2Gold a généré environ 580 millions de dollars US en taxes et dividendes pour le Mali. L’investissement total de B2Gold au Mali est supérieur à milliard de dollars US.

B2Gold est un important employeur au Mali avec plus de 2 200 employés, dont plus de 93% sont des ressortissants maliens.  La société a payé 64 millions de dollars US en salaires et avantages sociaux à ses employés pour la seule année 2020. B2Gold s’engage à embaucher et à promouvoir des Maliens à des postes de direction dans les opérations de la mine, en donnant ainsi toutes les opportunités aux Maliens de bénéficier de ses investissements.

B2Gold a fourni des avantages économiques majeurs, y compris la création d’emplois, la formation, le renforcement des capacités et les investissements communautaires, dot le Projet communautaire Signature Agricultural Business de 10 millions de dollars US récemment annoncé pour le bénéfice des communautés locales et la fourniture de moyens de subsistance durables à l’avenir. Plus récemment, B2Gold s’est associée au Gouvernement pour aider les populations à faire efficacement face aux défis créés par la pandémie du COVID-19, ainsi que son impact sur le secteur minier. B2Gold continue à explorer d’autres moyens d’aider le Gouvernement à faire face à l’impact de la maladie à Coronavirus.

En somme, une société injecte 27 millions de dollars US dans l’exploration, une autre bénéficie d’un permis d’exploitation. Quel qualificatif possible ?

Au regard du poids du B2Gold dans l’économie nationale, du froid que cette affaire pourrait jeter sur les relations entre le Mali et le Canada, ce serait très dangereux et même criminel de jouer avec ses activités pour des intérêts personnels sordides. Le plus grand risque étant d’assister à un désengagement de l’une des plus importantes sociétés au plan national avec tout ce que cela pourrait avoir comme implication sur le crédit du Mali qui passerait désormais pour un État voyou, donc une destination non recommandable ; la création d’emploi avec son corollaire de réduction de la pauvreté ; la manne financière des taxes et dividendes qui a sauvé plus d’une fois l’État quand il s’est agi de payer les salaires des fonctionnaires.

Par rapport à ce scandale qui a déjà un retentissement international, il y a une action en cours de dépossession de permis d’exploration en faveur du fameux ‘’tiers’’ qui ne représente que les intérêts financiers d’une mafia étatique.

Nous y reviendrons.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info Matin

 

 

 

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