La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) semble être aujourd’hui dans l’impasse. Les problèmes s’entassent de jour en jour. En plus des réserves formulées par les autorités maliennes lors du renouvellement de son mandat le 29 juin dernier par le Conseil de sécurité de l’Onu, la situation des 49 militaires ivoiriens qualifié de « mercenaires » est devenue une goutte d’eau qui est venue faire déborder le vase . À la suite de cette affaire, le gouvernement a sommé le porte-parole de la mission de quitter le pays dans un délai de 72 heures.
En effet, l’arrestation de 49 militaires ivoiriens, dont une trentaine des forces spéciales, avec leurs armements et munitions de guerre, ainsi que d’autres équipements militaires à l’aéroport international de Bamako le 10 juillet 2022, telle que annoncée par le porte-parole du gouvernement, met de plus en plus la MINUSMA dans des difficultés.
Alors que ceux-ci sont toujours détenus par Bamako et sont traduits en justice, malgré les protestations des autorités ivoiriennes, le gouvernement de transition a annoncé, le jeudi, 14 juillet 2022, la suspension de toutes les rotations militaires et de la police de la MINUSMA.
Selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, la décision est à effet immédiat : « Toutes les rotations des contingents militaires et policiers de la MINUSMA, y compris celles déjà programmées ou annoncées, sont suspendues ».
Rappelons que la MINUSMA compte environ 15 000 militaires et policiers au Mali, fournis par une cinquantaine de pays contributeurs, issus du monde entier.
Les rotations, c’est-à-dire les relèves, les départs et les arrivées de ces hommes, sont désormais gelées, dès ce jeudi, 14 juillet 2022. Et ce jusqu’à la tenue d’une « réunion de coordination », dont la date n’a pas encore été fixée, et au cours de laquelle les autorités et la MINUSMA devront « dégager un plan optimal » pour « faciliter la coordination et la règlementation de la rotation » des contingents onusiens.
Cette situation, combinée au retrait de la force militaire française, pourrait pousser plusieurs pays à revoir leur engagement au sein de la Minusma, selon Ornella Moderan, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité (ISS) qui cite notamment l’Allemagne, la Suède ou le Royaume-Uni, interrogé par Deutsche Welle (Bonn).
D’ailleurs, l’Égypte a annoncé, la semaine dernière, la suspension temporaire de ses activités au sein de la mission onusienne. Le Caire explique sa décision par les attaques dont seraient victimes ses soldats.
En plus de cette décision de suspension des rotations, le gouvernement de la transition vient de sommer le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado, de quitter le territoire.
C’est le ministère des Affaires étrangères malien qui « invite » Olivier Salgado à quitter le Mali sous soixante-douze heures.
Ces problèmes sont venus se greffer aux réserves formulées par le gouvernement du Mali lors du renouvellement du mandat de la Minusma. Une prolongation faite en dépit de l’opposition des autorités maliennes à certaines dispositions de la résolution adoptée à cette occasion.
Le Mali est surtout opposé au fait que les Casques bleus puissent mener librement des investigations sur les questions relatives aux droits de l’homme.
Rassemblées Fabrice Abdoul
Source : Plume Libre