Série Mali (2), l’Algérie aux abonnés absents

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Accord de paix signé à Alger entre les autorités maliennes et les mouvements rebelles, à Bamako mai 2015.
Accord de paix signé à Alger entre les autorités maliennes et les mouvements rebelles, à Bamako mai 2015.

La crise algérienne depuis le départ du président Bouteflika prive le voisin malien de toute application sereine de l’Accord imaginé à Alger et signé à Bamako en 2015.

C’est le scenario que ni les Algériens ni les Maliens n’avaient anticipé en 2015 au moment de la signature de l’accord de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord. Que l’Algérie, garant principal de l’Accord dit d’Alger, connaisse une grave crise politique et ne soit plus en mesure de jouer le rôle qui est traditionnellement le sien au Mali. L’impasse diplomatique est totale depuis le mois d’avril 2019 après la démission forcée du président algérien Abdelaziz Bouteflika.

Profitant de son influence sur les groupes armés, notamment à travers Iyad Ag Ghali, l’homme des services algériens, et de son crédit à Bamako, le pouvoir algérien avait verrouillé l’accord de sorte qu’aucun autre pays, surtout pas la France, ne puisse faire modifier ses dispositions fondamentales.

Des vases communicants

Comme dans un système de vases communicants, la crise algérienne nourrit l’impossibilité d’appliquer l’accord inter-malien. A l’application, plusieurs dispositions de l’accord d’Alger se sont révélées problématiques. A Bamako, le pouvoir n’arrive pas à imposer à l’opinion et à une partie de la classe politique des dispositions prévues par l’accord qui confèrent un statut particulier aux régions du nord, notamment l’élection au suffrage universel direct des responsables des Conseils régionaux.

Cette évolution administrative et institutionnelle appelle une réforme constitutionnelle que le pouvoir de l’actuel chef d’état IBK n’arrive pas à obtenir. Malgré, les nombreux rappels à l’ordre de la France et des Nations unies, il n’y a aucune évolution.

A cela s’ajoute la question non moins délicate du statut de Kidal, principale région nord sur la frontière avec l’Algérie, qui échappe toujours à l’Etat malien. Le président malien Ibrahim Boubakar Keita a estimé que le statu quo sur Kidal n’est plus tenable. Son homologue nigérien Mahamadou Issoufou s’est lui aussi insurgé contre la situation actuelle à Kidal, assurant même que la plupart des attaques contre son pays partaient de la ville malienne devenue, selon lui, un vrai repère des bandes terroristes. Outre les réformes administratives et le statut de Kidal, l’accord d’Alger bute sur la question du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) des groupes armés signataires de l’accord. Alors qu’ils devaient se présenter dans huit points d’accueils dédiés pour déposer leurs armes, les groupes armés regroupés au sein de la Coordination des mouvements armés (CMA) n’ont fait aucun pas dans ce sens. Ils estiment même que cette question n’est pas à l’ordre du jour.

D’autres priorités pour Gaïd Salah,

En 2015, c’était la diplomatie algérienne sous l’égide du binôme Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel, respectivement ministre et ministre délégué des Affaires Etrangères, ainsi que les services algériens qui étaient à la manœuvre et qui avaient fait de l’accord inter-malien une priorité de la politique intérieure algérienne. Mais depuis avril 2019, et la démission forcée de Bouteflika, l’Algérie a été reprise en main par l’armée et son patron le général Ahmed Gaïd Salah. La priorité aujourd’hui à Alger n’est pas d’assumer les responsabilités de l’Algérie dans l’application de l’accord inter-malien. Le Mali pourrait redevenir une priorité quand la situation intérieure se sera normalisée.

Entretemps, les contentieux entre les parties maliennes s’accumulent sans qu’il y ait un autre cadre consensuel que l’accord d’Alger pour leur trouver des solutions. IBK souhaite organiser un dialogue inclusif pour aborder certaines dispositions de l’accord d’Alger. Les groupes armés du Nord sont vent-débout contre cette démarche.

Accusée de partialité par une bonne partie de l’opinion malienne, la France ne peut pas représenter un recours alternatif pour le pouvoir malien et les groupes armés du Nord.

Tout en faisant régulièrement des déclarations sur les avancées indispensables dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger, Paris s’abstient d’ailleurs de donner l’impression de vouloir prendre la place de l’Algérie comme garant de l’accord.

Pour des raisons différentes, Maliens et Algériens suivront donc avec beaucoup d’attention les suites de la présidentielle prévue le 12 décembre en Algérie.

Source Mondafrique

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