Depuis un certain temps, des appartements meublés sont loués à Bamako pour loger des étrangers souvent des jours, des semaines, voire des mois. Ces appartements ne sont ni des hôtels, encore moins des chambres de passe. Ils sont moins chers que les hôtels. Ce sont des appartements meublés avec tout le confort. Aujourd’hui, l’usage de ces appartements prend une autre tournure. C’est devenu des châteaux de dépravation de mœurs où prolifèrent sexes, alcools et drogues.
Un appart au sens traditionnel du terme, est conçu pour héberger des étrangers, les abriter. C’est aussi un coin de détente pour certaines personnes aisées. A Bamako, il existe plusieurs appartements meublés et les gens s’adonnent à leur utilisation pour plusieurs fins. Souvent pour de l’insolite, sexe alcool et la drogue. Tout est au rendez-vous. Les appartements sont très généralement deux chambres avec un salon. Ils sont à 15 000 F CFA sans climatisation et 20 000 F CFA avec la climatisation par jour. Les prix diffèrent souvent aussi, selon le confort et les lieux.
Selon un propriétaire locateur d’appartements, qui a accepté de se confier, mais dans l’anonymat, certaines personnes prennent l’appartement pour leurs anniversaires autres fêtes entre amis pour se distraire et d’autres pour leur plaisir sexuel. A l’en croire, souvent, il y a aussi des mineures, filles et garçons. « Des jeunes garçons qui ne peuvent pas rentrer avec une fille chez eux, font recours aux appartements. Malheureusement, les propriétaires d’appartements n’exigent pas l’âge pour louer un appart. C’est pourquoi, on a des mineurs qui louent des apparts », dénonce un observateur.
Un coin ouvert aux mineurs ?
A en croire ce même observateur, des mineurs y vont pour se droguer ou prendre des prostituées. Pour le cas des filles, il précise « gare aux parents si leurs filles fréquentent ces lieux. Elles n’y gagnent que grossesses non désirées ». Il confie que « les garçons les font consommer des boissons contenant de l’alcool et profitent de la situation pour les violer et ça en groupe ».
« Un jour, un clan d’une dizaine de jeunes a loué un appart de 3 chambres climatisées avec salon à 30 000 F CFA par jour. C’était de la chicha, des boissons alcoolisées, des jeux vidéos, de la drogue, des prostituées et quelques copines. Ces jeunes se partageaient entre eux les copines et les prostituées », a raconté le propriétaire locateur.
Selon une fille aux environs de la vingtaine, que nous avons approchée, elle explique : « des fois on y part pour des anniversaires, mais en général c’est pour être en intimité avec nos copains. Ils nous y invitent pour éviter de se retrouver dans les lieux publics (bars, boîtes de nuit) pour faute d’insécurité. Nous préférons les apparts ». A ses dires, souvent les filles disent aux parents qu’elles vont à l’école pour se rendre dans les appartements. « On peut y passer toute la nuit et en rentrant on cherche des prétextes pour les parents », a-t-elle confié et d’affirmer « on peut y être des fois de trois à quatre filles et beaucoup de garçons et à chacune son copain. Certaines d’entre nous restent jusqu’à 02h du matin pour ne pas se faire frapper à la maison et d’autres souvent des jours durant ».
Un jeune garçon nous partage son expérience. « D’abord, sachez qu’en réalité tout ce qui peut être et qui a été déjà imaginé et tout ce qui ne peut être imaginé se passe dans un appart. Le plus souvent, on prend les apparts pour aller forniquer, boire de l’alcool, fumer, etc. on fait tout comme se filmer en faisant l’amour, la fête, en dansant et en fumant, jouer au Play station. Bref tout ». Il a avoué s’être filmé avec sa partenaire pendant l’acte dans un appartement. Il avance que des fois, des jeunes font des choses comme une seule fille entre plusieurs garçons pour s’adonner à du sexe. « Bien évidemment que les filles viennent d’elles-mêmes mais parfois sans savoir ce qui les attend réellement dans ces apparts. Elles se font souvent violer par un ou à groupe », précise-t-il.
Bintou, raconte : « j’avais une amie que j’ai connue sur Facebook avec laquelle je discutais presque quotidiennement. On était homonyme et du coup le feeling était là. De ce fait, on a décidé de se rencontrer. Elle m’a invitée dans un appart pour le rendez-vous et sans problème, j’ai accepté par geste d’amitié. Là-bas on a bien causé jusqu’à y passer le soir. Soudain elle me proposa de l’accompagner dans la chambre. Comme nous étions toutes des filles, alors j’y suis allée. Une fois à l’intérieur, elle commença à fermer la porte et à me toucher le corps. J’ai pris très peur car je me suis rendue compte que c’était une lesbienne. Chose que je n’avais pas du tout remarquée car c’était une voilée (une fille qui porte du voile islamique sur la tête). Ne cédant pas à sa tentative, elle décida d’employer la force avec ma faible personne. Elle était plus forte que moi et pour en échapper, j’ai dû la convaincre qu’elle m’a aussi plu et qu’une prochaine fois. Il faudrait qu’on soit toutes les deux prêtes pour le faire et que je n’étais pas prête ce jour. C’est ainsi qu’elle accepta de me laisser partir et plus jamais je n’y suis retournée. Je m’étais même lancée dans sa poursuite avec mes frères mais hélas ».
Malgré cela, d’autres y vont pour des détentes. Selon un jeune propriétaire, « moi personnellement, j’utilise les appartements meublés comme un coin de détente. Il y a des choses qu’on ne peut se permettre de faire en famille. Comme inviter des amis à danser, fumer de la chicha, faire du barbecue. Ça serait trop encombrant. Raison pour laquelle, j’ai un appart à mon entière disposition pour juste m’amuser avec des amis », précise interlocuteur.
Au cours de notre enquête, un chef de famille désabusé, raconte une histoire qu’il a vécue il y a deux ans. « La fille d’une voisine du quartier qui fréquente ma femme, à l’époque âgée de 16 ans, a emprunté la moto de mon fils aîné à l’école, sous le prétexte qu’elle va prendre son cahier à la maison qu’elle avait oublié. Elle s’est éclipsée dans la nature avec l’engin pendant 3 jours. C’est après des recherches que sa mère l’a retrouvée dans un appartement du quartier, sur la rive gauche, avec un garçon. Elle avait déjà vendu la moto à 100 000 F CFA, dont l’argent a servi à louer l’appartement et célébrer l’anniversaire de son petit ami avec qui elle a festoyé pendant 3 jours. La moto a été finalement retrouvée sur le receleur, qui était un vendeur de prêt-à-porter installé dans le quartier. J’ai repris la moto et laissé tomber l’affaire à cause des liens de voisinage avec sa mère ».
Que font les autorités policières (Brigade des Mœurs) et l’Agence de Promotion touristique du Mali (APTM) contre la prolifération de ces appartements déguisés en lieu de débauche pour les enfants mineurs ? Nous tenteront d’en savoir plus ultérieurement.
Mariam Noumian Sory Keita
(stagiaire)
Source : Mali Tribune