Le général Salif Traoré a mis l’accent sur les efforts consentis par l’Etat pour équiper nos forces de défense et de sécurité. Ce qui rend la situation complexe, selon lui, c’est l’immensité du territoire.
Pendant trois heures, cette séance d’interpellation a été l’occasion pour les élus de la nation, de la majorité comme de l’opposition, de tirer la sonnette d’alarme face à la situation sécuritaire jugée très critique et préoccupante.
De nombreux députés voulaient savoir ce qui n’a pas réellement fonctionné dans le dispositif sécuritaire. Certains se sont étonnés comment après l’adoption de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) et son pendant de la sécurité (LPSI), les Forces armées et de sécurité n’arrivent toujours pas à faire face efficacement à la situation. D’autres intervenants ont souhaité être édifiés sur le bilan des pertes (hommes et matériels).
Le désarmement de toutes les milices d’auto-défense, la nature de la coopération entre les FAMa et des forces partenaires (MINUSMA, Barkhane et G5 Sahel), la sincérité de certaines parties signataires de l’Accord figuraient au nombre des préoccupations soulevées par des députés. Tous conviennent de l’urgence pour tous les fils du pays d’être unis et solidaires pour ne pas tomber dans le piège de la division tendu par les forces du mal. En phase avec les parlementaires sur le constat de la gravité de l’heure, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile est revenu sur les efforts consentis par l’Etat pour équiper nos forces de défense et de sécurité. Ce qui rend la situation complexe, a expliqué le général Salif Traoré, c’est l’immensité de notre territoire. Le théâtre d’opération va de Ménaka à Nara. Aussi, dira-t-il, il faudra du temps pour avoir une armée bien équipée, performante et avec un effectif important.
15.000 HOMMES DÉPLOYÉS – Loin de sous-estimer les forces hostiles, le ministre Traoré a indiqué que la stratégie de celles-ci est d’opposer les communautés les unes aux autres. Et maintenant quoi faire ? Comme thérapie de choc face au mal qui est en train de se métastaser, le chef du département en charge de la Sécurité a rappelé qu’un peu plus de 15.000 hommes sont déployés en permanence. «Ce qui nécessite des moyens importants. Le gouvernement est résolument engagé à continuer dans cette dynamique», a-t-il assuré, ajoutant que les forces de sécurité sont présentes dans plusieurs localités des régions de Mopti et de Ségou.
Le ministre Traoré a annoncé le lancement prochain d’une grande opération transfrontalière de maillage et de sécurisation. «Nous allons désarmer tous ceux qui n’ont pas le droit de porter des armes. Le gouvernement n’entend pas sous-traiter la sécurité des Maliens», a martelé le général Salif Traoré. Pour lui, tout n’est pas sécuritaire, soutenant que l’accent est également mis sur la gouvernance, le développement socio-économique et la communication.
Le général Salif Traoré s’est également prononcé sur la dissolution de l’Association Dan Na Ambassagou. A ce sujet, il a précisé que pour le moment le gouvernement n’a accusé personne concernant l’attaque d’Ogossagou, mais il a retiré le récépissé de ladite association. La mise en place d’une Commission nationale permettra de faire la lumière sur ce qui s’est passé à Ogossagou, a-t-il laissé entendre, confirmant que des suspects ont été arrêtés et sont en train d’être interrogés.
En réponse à certaines préoccupations des députés, le chef du département en charge de la Sécurité a affirmé que notre pays est en phase avec la MINUSMA sur le volet sécuritaire au centre, espérant néanmoins sur un mandat plus robuste pour la mission onusienne. Le partenariat, selon lui, avec la force Barkhane apporte des résultats probants. Bouclant son intervention, il a insisté sur la collaboration entre les forces de défense et de sécurité et la population.
Massa SIDIBE
LES RECOMMANDATIONS FORMULÉES PAR LES DÉPUTÉS
Après trois heures de débats animés, l’Assemblée nationale a condamné avec la plus grande fermeté le massacre des populations civiles à Ogossagou le 23 mars dernier. Elle a aussi exprimé sa très vive préoccupation face à la situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader notamment dans les parties nord et centre du territoire national, comme en témoignent les attaques perpétrées à Dioura et Ogossagou.
Par ailleurs, les députés ont présenté leurs condoléances aux familles de l’ensemble des victimes de la crise et souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Ils ont rappelé les liens culturels et sécuritaires qui ont toujours existé entre les différentes communautés. Ils ont également exhorté les parties signataires à accélérer la cadence de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d’Alger.
Par ailleurs, les parlementaires ont pris acte des mesures adoptées par le gouvernement à l’occasion de la séance du conseil des ministres extraordinaire tenue le 24 mars 2019. Ils ont invité le gouvernement à faire toute la lumière sur les circonstances de ces massacres pour en identifier les auteurs. Engager des poursuites devant les juridictions compétentes et apporter aux survivants l’assistance nécessaire à leur équilibre moral et à leur réinsertion dans le tissu économique et social, sont aussi des recommandations des députés.
Enfin, les élus de la nation ont demandé instamment au gouvernement de prendre toutes initiatives susceptibles de restaurer la confiance au sein et entre les différentes composantes de la communauté nationale. Ils ont appelé tous les Maliens à être porteurs de message de paix, de cohésion et d’unité nationale.
M. S.
Source: Essor