Situation sur le terrain : Le Mali démonte le rapport de l’ONU

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Suite à la publication du Rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, couvrant la période du 03 juin au 19 septembre 2022, Le gouvernement du Mali a apporté des observations en guise de réplique.

Au-delà, le gouvernement malien regrette que « de telles allégations ternissent l’image du Mali, sapent le moral des troupes en opération et dressent, sans aucune base réelle, la communauté internationale contre la volonté des autorités de Transition de libérer le territoire national du joug terroriste ».

Le gouvernement du Mali dit avoir pris connaissance du rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Mali, conformément aux dispositions de la résolution 2640 (2022) portant sur le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) : « Le Gouvernement du Mali se félicite que le Secrétaire général ait reconnu les progrès réalisés par les autorités de la Transition. Cependant, il regrette que le rapport sous examen mette un accent particulier sur les défis et les difficultés rencontrées, en faisant passer sous silence de nombreuses réalisations dans le cadre de la conduite de la Transition ».

Aussi, le gouvernement précise que les omissions constatées concernent également des éléments pourtant factuels et vérifiables qui semblent avoir échappé à la vigilance habituelle du Secrétariat général.

Demande d’une réunion d’urgence

« En dépit de ce déséquilibre, le gouvernement reste disposé à poursuivre la coopération avec les Nations Unies et l’ensemble des partenaires, en vue de la réalisation des actions prioritaires de la Transition », ajoute-t-il.

En outre, le gouvernement reconnaît que les FDSM (Forces de défense et de sécurité du Mali) ont certes effectué des patrouilles avec la Minusma, mais le chiffre 175 est à revoir largement à la baisse : « Sur l’axe Tombouctou-Goundam, aucune patrouille de la MINUSMA n’a été exécutée depuis 4 mois. La sécurisation de l’aérodrome de Diré est régulièrement assurée par les Forces Armées Maliennes (FAMA) pour l’atterrissage des vols humanitaires. À Gao, la MINUSMA ne conduit aucune patrouille conjointe avec les FDSM. De même, dans la ville de Sévaré, aucune patrouille conjointe de sécurisation n’est conduite. Outre ces ajustements factuels, le rapport sous examen aurait gagné en objectivité s’il informait davantage sur les efforts du Gouvernement, par ailleurs régulièrement couronnés de succès sur le terrain, dans le cadre de la sécurisation du territoire national et de la protection des populations civiles. En effet, il est regrettable qu’en de nombreuses occurrences, le rapport mentionne uniquement les actions des groupes armés terroristes, sans pour autant informer sur les réactions des FAMA »

Toujours dans le chapitre sécuritaire, poursuit les autorités de la transition, il est surprenant que, dans le cadre du récit factuel, le rapport du Secrétaire général ait passé sous silence la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU par le Mali, par lettre n° 444/MAECI en date du 15 août 2022, pour ce qui concerne les tentatives de déstabilisation et les violations répétées de l’espace aérien par les forces françaises. Ces actes d’agression d’une extrême gravité ne doivent pas rester sans suite. Le gouvernement renouvelle sa demande d’une réunion spécifique du Conseil de sécurité.

Le gouvernement malien regrette que le Secrétariat général rapporte « dans un document officiel des allégations graves, sans vérification minutieuse, qui sont sans fondement.  De telles allégations ternissent l’image du Mali, sapent le moral des troupes en opération et dressent, sans aucune base réelle, la communauté internationale contre la volonté des autorités de Transition de libérer le territoire national du joug terroriste », précise le gouvernement.

Face à ces situations, Bamako invite le Secrétariat des Nations Unies à s’écarter de cette posture négative et hostile et à s’inscrire dans la démarche qui justifie sa présence au Mali : aider les Maliennes et les Maliens à faire face et à surmonter les difficultés en lien avec la crise sécuritaire.

L’obligation pour la Minusma de coopérer

Restreindre les mouvements de mission onusienne ? Contrairement aux informations contenues dans le rapport, le gouvernement précise qu’il n’existe aucune volonté de restreindre les mouvements de la Minusma sur le terrain. « Il y a plutôt une volonté de coordination des actions avec la Minusma. Le gouvernement a été amené à prendre certaines mesures pour les besoins de planification, de coordination et de sécurité nationale », avant de rappeler que le rapport ne précise pas le contexte dans lequel ces restrictions sont survenues afin de permettre d’apporter une réponse appropriée à ces allégations.

Pour le gouvernement, certaines restrictions interviennent lorsque les FAMa sont en opération et cela pour la sécurité des riverains. Il précise que dans le cadre de l’opération militaire engagée au centre, une zone d’interdiction temporaire a été créée pour éviter les incidents, notamment avec la Minusma : « La création de cette zone d’interdiction est l’affirmation de la souveraineté de l’État malien. Au lendemain du départ de la Force Barkhane du Mali, il a été décidé que la protection de la force onusienne soit assurée par les FAMa. Ainsi, pour faciliter les déplacements aériens de la Minusma, une dérogation mensuelle lui a été accordée. Cette dérogation consiste à adresser une demande de vol à la partie malienne, qui n’a jamais fait l’objet de refus. Il est aussi indiqué à tous les partenaires, y compris la Minusma, d’adresser à l’Armée de l’Air, une demande 36 heures avant tout vol ».

Concernant l’affaire des soldats ivoiriens arrêtés au Mali, Bamako précise que le dossier suit désormais son cours judiciaire, mais aussi qu’il reste ouvert à une solution diplomatique, dans l’esprit des relations fraternelles et de bon voisinage qui ont toujours caractérisé les liens entre le Mali et la Côte d’Ivoire. « La meilleure illustration de cette bonne disposition des plus hautes autorités maliennes est l’accord de l’offre de médiation du Président togolais, qui a déjà permis la libération, pour raisons humanitaires, de 3 soldats femmes ; le Mali a reçu tous les émissaires et toutes les missions de bons offices, y compris la délégation de Chefs d’État dépêchée par le Sommet de la CEDEAO tenu à New York, en marge de la semaine de haut niveau de la 77ème  session de l’Assemblée générale des Nations Unies », précise le Mémorandum. En outre, le Mali invite les responsables des organisations internationales à éviter tout parti pris, et à plutôt inscrire leurs démarches dans une approche constructive. « C’est surtout ce qui est attendu de nos partenaires, y compris les Nations Unies », révèle le document du gouvernement.

Conformément à son mandat, le Gouvernement du Mali invite la MINUSMA à pleinement coopérer avec la partie malienne, en vue de l’efficacité des actions communes sur le terrain.

Pour conclure, le gouvernement malien assure que malgré la complexité de la situation socio-économique, politique et sécuritaire actuelle du Mali ainsi que des enjeux géostratégiques propres à la région du Sahel, le gouvernement poursuit les efforts avec ses moyens pour assurer l’intégrité de son territoire national et la sécurité des personnes et de leurs biens dans le strict respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international : « Conformément à son mandat, le gouvernement invite la Minusma à pleinement coopérer avec la partie malienne, en vue de l’efficacité des actions communes sur le terrain. Dans la perspective du renforcement de ladite coopération, le gouvernement invite également la Minusma à recentrer sa mission sur les fondements de sa présence au Mali, notamment le soutien à la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ; la protection des populations civiles ; une meilleure articulation avec les services compétents maliens et son appui à la mise en œuvre de l’Accord ».

Cyrille Coulibaly

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