Le Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), tenu par visioconférence, le lundi 27 juillet 2020 sur la situation au Mali, a été sanctionné par des propositions de solutions de sortie de crise : la démission des 31 députés contestés y compris le président du parlement Moussa Timbiné, la recomposition rapide de la Cour Constitutionnelle, la constitution rapide d’un Gouvernement d’union nationale et la mise en place d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités des tueries.
Ces propositions du sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO, ont été rejetées en bloc par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) ; pendant que le Président Ibrahim Boubacar mettait en place un gouvernement restreint de six membres chargé de négocier la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Il s’agit de trois ministres reconduits à leurs anciens postes au gouvernement : le Général Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Boubacar Alpha Bah, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Tiébilé Dramé, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, d’un revenant Me Kassoum Tapo, ministre de la Justice, Garde des Sceaux et de deux nouveaux ministres, à savoir le Général de Brigade M’Bemba Moussa Keïta, à la Sécurité et la Protection civile et Abdoulaye DAFFE, Ministre de l’Economie et des Finances.
Ce Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO de ce lundi 27 juillet était placé sous la présidence de Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, Président en exercice de la CEDEAO, avec la participation des autres présidents membres de l’organisation sous-régionale dont le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
« Nous avons procédé à un examen minutieux de la situation dans ce pays frère et nous avons convenu d’appeler solennellement tous les Maliens, dans leur diversité, à un sursaut pour protéger leur pays des périls graves qu’il se trouve exposé aujourd’hui. Nous avons en particulier engagés à éviter les violences et à privilégier le dialogue » , a souligné le président en exercice de la CEDEAO, Issoufou Mahamadou, avant de soutenir toutes les propositions faites par la Médiation de la CEDEAO conduite par le Président Goodluck Jonathan au Mali du 15 au 19 juillet 2020. «Nous avons demandé instamment à ce que les mesures suivantes soient prises relativement aux questions institutionnelles ci-après: La démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée y compris le Président du Parlement. La Majorité Présidentielle devra mettre tout en œuvre pour obtenir cette démission qui ouvrira la voie à des élections partielles. En attendant ces élections partielles, le Parlement pourra fonctionner avec les 116 députés restants. Une recomposition rapide de la Cour Constitutionnelle, conformément aux dispositions constitutionnelles du Mali. Le Parlement propose ses représentants après la démission des 31 membres dont l’élection est contestée. En cas de difficulté de nomination des membres de la Cour constitutionnelle par les différentes instances, le Président de la République utilise l’article 50 de la Constitution pour nommer les 9 membres », At-il dit.
Par la voix de son président en exercice, la CEDEAO exige aussi la mise en place rapide d’un gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition et de la société civile. L’opposition, particulièrement le M5-RFP, indique la CEDEAO, est encouragé à participer à ce Gouvernement d’union nationale en vue de contribuer au règlement des problèmes de gouvernance qui affectent le Mali et ce, dans un esprit de patriotisme. Selon les conclusions du Sommet extraordinaire de la CEDEAO, la tâche prioritaire de ce Gouvernement d’union nationale sera de mettre en œuvre toutes les réformes, recommandations et décisions issues du Dialogue National Inclusif et de traiter les questions de gouvernance. En particulier, la mise en œuvre des accords d’Alger devra être accélérée.
«Compte tenu des nombreux défis auxquels fait face le pays, certains membres du gouvernement pourront être nommés avant la formation du gouvernement d’union nationale. Il s’agit de ceux en charge de la Défense, de la Justice, des Affaires Etrangères, de la Sécurité intérieure et des Finances », a déclaré Issoufou Mahamadou. La CEDEAO exige aussi la mise en place rapide d’une commission d’enquête pour déterminer et situer les responsabilités dans les violences qui ont entrainé des décès et des bénédictions les 10, 11 et 12 juillet 2020 ainsi que les destructions des biens publics et privés . La CEDEAO évoque aussi la mise en place d’un Comité de Suivi, sous sa présidence, de toutes les mesures ci-dessus prises qui comprendra des représentants du gouvernement, du Parlement, de la Société civile, de la Magistrature, du M5-RFP , des femmes et des jeunes, avec la participation de l’Union Africaine et des Nations Unies.
Un gouvernement restreint sans le RPM
Le Sommet extraordinaire a annoncé également la mise en place par la CEDEAO d’un régime de sanctions contre ceux qui posentont des actes contraires au processus de normalisation de cette crise, étant entendu que l’ensemble des décisions et mesures ci-dessus doivent être mises en place en œuvre au plus tard le 31 juillet 2020. «Nous avons également réitéré notre solidarité avec l’Honorable Soumaïla CISSE, Chef de file de l’opposition enlevé depuis le 25 mars 2020. Nous demandons aux Autorités Maliennes d’intensifier leurs efforts déjà en cours, en vue de sa libération. Notre souhait c’est de voir ces différentes propositions rencontrer l’agrément des différentes parties de la situation au Mali », A indiqué Issoufou Mahamadou. Il a réitéré l’engagement inébranlable des chefs d’État et de gouvernement et des peuples de la CEDEAO à n’épargner aucun effort pour promouvoir la stabilité et la paix au Mali. Selon lui, la CEDEAO sera toujours présente aux côtés du Mali, acteur important des dynamiques communautaires en cours pour l’approfondissement de l’intégration de la sous-région ouest africaine.
Ainsi, le Président Ibrahim Boubacar KEITA a mis en place un gouvernement restreint de six membres chargés de négocier la constitution d’un gouvernement d’union nationale comprenant le M5-RFP. On ne note aucun membre du parti présidentiel, le RPM. Ce sont trois ministres reconduits à leurs anciens postes au gouvernement: le Général Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Boubacar Alpha Bah, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Tiébilé Dramé, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, un ministre revenant, Me Kassoum Tapo, à la Justice, Garde des Sceaux et de deux nouveaux ministres à savoir le Général de Brigade M’Bemba Moussa Keïta, à la Sécurité et la Protection civile et Abdoulaye DAFFE, Ministre de l «Economie et des Finances.
Dans un communiqué, ce lundi 27 juillet 2020, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) à publier les mesures du Sommet extraordinaire des Chef d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) de ce 27 juillet 2020 par visioconférence. «Les conclusions du Sommet des Chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali» . Ainsi, le M5-RFP réaffirme sa détermination à mener son combat et exige la démission du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et de son régime. En outre, le M5-RFP précise qu’il est déterminé à exercer son droit constitutionnel à la désobéissance civile sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora.
Un dialogue de sourds
«Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a appris avec l’étonnement les conclusions du Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO tenu ce 27 juillet 2020, lequel à l’instar de la Mission conduite par Goodluck Jonathan, continuez de ramener la crise sociopolitique au Mali à un simple contentieux électoral du deuxième tour du scrutin législatif. Les décisions du Sommet des Chefs d’État de la CEDEAO reposent sur des approximations très improbables telles que la démission hypothétique des députés dont l’élection est contestée. Le M5-RFP constate, avec regret, que les conclusions du Sommet des Chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali, », Indique le communiqué du M5-RFP rendu public, le 27 juillet 2020, tout juste après le sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Selon ce communiqué du M5-RFP sous la plume de Choguel Kokalla Maïga, les conséquences catastrophiques de la mauvaise gouvernance de «Ibrahim Boubacar Keita, les violations récurrentes de la Constitution de son fait et sous son magistère, la confiscation des principes républicains garantissant l ‘ alternance démocratique, jurent avec la protection dont ses pairs semblent le couvrir, en méconnaissance totale de l’article 32 du Protocole A / SP1 / 12/01 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance ».
Le M5-RFP, réaffirmant sa détermination à mener son combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu’Etat, Nation, Démocratie et République laïque, exige plus que jamais la «démission de Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui porte l «entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre pays». Le M5-RFP réitère son exigence d’actions judiciaires y compris devant la Cour pénale internationale (CPI) contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries et exactions commises contre les manifestants aux mains nues par les Forces spéciales antiterroristes (FORSAT), tant à Sikasso qu’à Bamako, dans les rues, domiciles et lieux de culte, et sa demande de libération de l’honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition ».«Le Peuple malien demeurera mobilisé et déterminé pour la mise en œuvre de son droit constitutionnel à la désobéissance civile sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora jusqu’à l’aboutissement de son combat patriotique pour la restauration d’un Mali démocratique , républicain et laïc, doté d’une gouvernance responsable et vertueuse », publie le communiqué du M5-RFP.
Ce sommet extraordinaire de la CEDEAO fait suite à la mission des 5 chefs d’État de la CEDEAO dans la capitale malienne (Bamako) le 23 juillet 2020. La mission qui était conduite par le président en exercice de la CEDEAO, Issoufou Mahamadou et comprenant les présidents Alassane OUATTARA de la République de Côte d’Ivoire, Nana Akufo- Addo de la République du Ghana, Muhammadu BUHARI de la République fédérale du Nigéria, et Macky SALL de la République du Sénégal.
Aguibou Sogodogo
Daou
Source : Lerepublicainmali