Dans le but de trouver une issue pacifique à la crise sociopolitique qui secoue notre pays, le président de la république, Ibrahim Boubacar Keïta, a reçu, le samedi 04 juillet au Palais de Koulouba, l’Imam Mahmoud Dicko, parrain de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) mais aussi l’autorité morale du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Les deux hommes qui étaient à leur troisième rencontre dans l’intervalle de deux semaines, ne sont toujours pas parvenus à se mettre sur le même diapason. Mais peut-on parler de rupture entre IBK et Dicko ?
Au cours de cet entretien, les deux personnalités ont échangé essentiellement sur les voies et moyens d’une décrispation du climat sociopolitique au Mali. « La situation est telle qu’aujourd’hui, nous sommes obligés de part et d’autres de chercher des solutions vers une sortie honorable dans cette crise dans laquelle le pays est plongé. On a parlé de tout ce qui concerne cette crise du pays de façon générale. Je pense qu’avec la volonté de tout un chacun et de toutes les parties concernées, nous allons trouver la solution. Mon rôle d’imam m’oblige d’être quelqu’un qui considère toujours la paix comme étant l’essentiel. La paix dans le pays, la paix dans la sous-région, la paix dans le monde. Je pense que chacun doit faire violence sur soi pour qu’aujourd’hui, nous puissions se parler, se dire des vérités mais que ça soit dans le respect et dans la courtoisie », a souligné l’imam Dicko à sa sortie d’audience avec IBK. Si l’entretien s’est déroulé dans un cadre cordial, tout laisse comprendre que les deux hommes n’ont pu se mettre sur le même diapason. Et il y a une forte chance que la rupture soit désormais consommée entre IBK et Dicko. Pourquoi ?
Dès son retour du sommet du G5 Sahel dans la capitale mauritanienne, le Chef de l’Etat avait discrètement rencontré l’Imam Dicko pour lui promettre des postes et des privilèges. Invité, le lendemain par les familles fondatrices de Bamako, l’Imam a tenu de leur faire la restitution de son entrevue présidentielle. « J’ai rencontré le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) dès son retour de Nouakchott. IBK m’a demandé d’abandonner la lutte, de quitter le M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques). Et il m’a proposé des départements ministériels et autres privilèges. J’ai refusé en lui disant qu’il ne s’agit pas d’une question de départements ministériels ou de privilèges. Je ne suis ni intéressé par des postes ministériels ni de privilèges: je resterai Imam. Il s’agit de la vie de la Nation. Il s’agit du Mali. IBK m’a dit que c’est par estime pour moi (Imam) qu’il n’a pas encore formé son Gouvernement et non parce que le M5-RFP fait des manifestations », a-t-il révélé.
Cette politique de vouloir diviser pour régner d’IBK présageait déjà l’échec de la troisième et certainement l’ultime rencontre d’IBK avec l’Imam Dicko. Une rencontre pourtant très médiatisée par la chaine nationale alors que les lignes n’avaient point bougé pour le Chef de l’exécutif. Qui allait même se donner le luxe de renvoyer le M5-RFP, malgré l’ampleur de la crise, vers sa majorité présidentielle pour discuter de l’avenir du pays. Notamment, la formation du Gouvernement d’Union Nationale Consensuel. Comme si nous vivions une situation politique normale.
L’Imam Dicko aura donc visiblement consommé toutes ses cartes maitresses pour convaincre en vain le président IBK de faire des concessions à hauteur de la crise sociopolitique. L’autorité morale qu’il est pour le M5-RFP, ne pourra certainement plus arrêter les extrémistes du mouvement. La voie est désormais ouverte pour une solution extrême et non pacifique. Ce, d’autant que le M5-RFP a décidé de faire un autre méga meeting le vendredi 10 mais aussi d’aller à la désobéissance civile jusqu’à satisfaction de leur but.
Falaye Keïta
Source : Le Pélican