Les nouvelles autorités ont ouvert une enquête contre l’ex-président et une cinquantaine de responsables de l’ancien régime pour des crimes commis au Darfour. Le procureur général, Tagelsir El-Heber, n’a pas, toutefois, rendu publique la liste des personnes appelées à répondre aux questions des enquêteurs.
À Khartoum, une question est sur toutes les lèvres : Hemeti, dont le vrai nom est Mohamed Hamdan Dogolo, figure-t-il sur cette liste ? Ce dernier a souvent été mis en cause pour son rôle présumé dans des exactions au Darfour. Mais cet ancien milicien, qui dirige aujourd’hui les Forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire, est aujourd’hui le « numéro deux » du Conseil souverain au pouvoir à Khartoum.
Maintes fois interrogé au sujet de cet encombrant allié, le Premier ministre Hamdok répète que personne n’est au-dessus des lois.
La justice, il le sait bien, est une vieille revendication des Darfouriens, qui la considèrent comme la condition sine qua non de la paix.
Dans le cas spécifique du Soudan, pour les crimes qui seraient commis avant l’instauration de cette loi, il n’existe pas de rétroactivité. Donc cette loi ne peut pas s’appliquer contre les crimes commis avant 2008.
Abdalla Hamdok a pu le constater lorsqu’il a rencontré, le mois dernier, des personnes déplacées par le conflit, à l’occasion d’un déplacement au Darfour, le seul voyage qu’il ait fait dans l’intérieur depuis son arrivée au pouvoir.
C’est également une revendication des rebelles darfouriens. Les enquêtes annoncées et d’éventuels procès pourraient dégripper le processus de paix à Juba.
Selon un bon connaisseur du dossier, les progrès en matière de justice à Khartoum pourraient même pousser Washington à lever ses sanctions, qui remontent à 2006 mais sont toujours en vigueur.
Source : Rfi