En poste à la tête de la Primature depuis le 30 décembre 2017, Soumeylou Boubèye est dans l’œil du cyclone de la contestation. D’un côté des leaders religieux et des responsables de l’Opposition et de l’autre, des caciques du RPM, parti présidentiel, qui ne veulent plus le voir passer une journée de plus à la tête du Gouvernement. Mais, lui, serein et imperturbable «continue» sa mission, non sans coup férir.
Partira ? Partira pas ? En effet, le débat sur le probable et futur départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature est dans les lèvres de la plupart des Maliens ces derniers temps. En effet, lors de la marche inédite du vendredi 5 avril dernier, le million de Maliens qui étaient sortis pour répondre à l’appel de l’Imam Mahmoud Dicko et du Cherif Bouyé de Nioro, exigent le départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature. Pour des raisons presqu’inavouées, ces leaders religieux ne veulent pas voir SBM trôner toujours sur la Primature. Ils lui reprochent, surtout officiellement, d’avoir voulu introduire l’éducation sexuelle complète dans l’enseignement. Car, le président IBK a déclaré n’être pas au courant d’une volonté d’introduction dans tel projet sur l’Education. Donc, c’est le Gouvernement avec à sa tête, le PM SBM qui serait l’auteur, selon certains responsables religieux. Malgré le retrait «définitif» du projet et l’assurance donnée par le PM Soumeylou Boubèye Maïga à l’ensemble de l’opinion nationale que le «gouvernement n’entreprendra aucune action qui puisse porter atteinte aux valeurs islamiques ou encore aux us et coutumes de notre pays», les religieux tirent toujours sur cette corde pour l’affaiblir davantage. Mais, certains voient ailleurs les raisons du désamour de ces leaders religieux pour SBM. Car, on signifie le fait qu’à son arrivée à la Primature, SBM aurait supprimé le poste de mission de bons offices, dont l’Imam Mahmoud Dicko assurait avec un budget de fonctionnement de quelques 700 millions de F CFA par semestre. Pour rappel, le président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, avait reçu mandat de l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga de conduire une mission de bons offices dans le Centre et le Nord du pays. Poste que son successeur et actuel Premier ministre aurait gommé. Quant à l’autre leader religieux, à savoir le Cherif Bouyé de Nioro, il en voudrait à SBM le fait d’avoir décidé de dédouaner ses marchandises comme pour les autres commerçants. Car, lui, il serait un commerçant pas comme les autres.
Une autre fronde contre le PM Soumeylou Boubèye Maïga est animée par le regroupement politique FSD, dirigé par l’Opposant Soumaila Cissé. Lui et ses camarades exigent la démission du Premier ministre et de son gouvernement. Cette fronde s’est accentuée après le massacre d’Ogossagou et tous les autres qui constituent selon eux l’échec politique du gouvernement tout entier.
Motion de censure ?
La dernière fronde et non pas des moindres est celle du RPM, le parti majoritaire. Certains de ses caciques lui en veulent d’accueillir leurs cadres démissionnaires, surtout des députés. En effet, de 4 députés, l’ASMA-CFP de Soumeylou Boubèye Maïga s’est retrouvé, en quelques mois et sans élection, avec une vingtaine de députés, majoritairement issus du RPM, devenant ainsi, la troisième force politique à l’Assemblée nationale. Depuis, des caciques comme Bokary Tréta, président du RPM et autres responsables du parti exigent la formation d’un nouveau gouvernement avec un nouveau Premier ministre. Aussi, Mohamed Tounkara, député RPM, élu à Kita avait aussi demandé ouvertement la démission du Premier ministre le mercredi 3 avril dernier. A lui, vient s’ajouter un autre député du RPM. Il s’agit de l’honorable Mamadou Diarrassouba, premier questeur de l’Assemblée nationale et non moins président de la Commission d’organisation du RPM. Lui aussi, ne cache plus son désamour vis-à-vis du gouvernement SBM. «Le gouvernement doit être revu afin de l’élargir à la base sociale et politique. Sinon comme cela il ne pourra pas conduire les réformes en vue. Je dirai cela à qui de droit», a-t-il soutenu lors de l’interpellation du gouvernement sur la situation sécuritaire, le mercredi 3 avril 2019.
Aussi, une motion de censure, montée par des élus du RPM serait fin prête pour faire plier le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Ainsi, le bureau politique du parti aurait donné son quitus aux députés du parti de voter pour une très probable motion de censure contre le Gouvernement SBM.
Egalement, des sources nous indiquent le Premier ministre bénéficierait toujours de la confiance du Président de la République qui aurait même déclaré qu’il préfèrerait quitter le pouvoir que de remplacer SBM, tant ce dernier compte pour lui. Des sources nous signifient que le Président IBK serait prêt à dissoudre l’Assemblée nationale si les députés usaient de la motion de censure pour faire partir le PM SBM. Pourquoi tant de résistances ? Allez-y savoir !
En tous cas, ils sont presqu’unanimes, les observateurs de la scène politique malienne à penser que la seule réussite du PM Soumeylou Boubèye Maïga est l’organisation de la dernière présidentielle, avec à la clé la réélection du Président IBK. Sinon sur les autres fronts, qu’il soit sécuritaire, social ou économique, le bilan frôle la catastrophe. L’insécurité est galopante, le front social est plus qu’en ébullition avec des grèves incessantes, surtout des enseignants. L’économie est aussi à l’arrêt avec l’argent qui se fait rare, rétrécissant davantage le panier de la ménagère.
Alors, dans les prises de décisions, le Mali doit être au-dessus des amitiés et des intérêts personnels.
La Rédaction
Source: L’Evènement