La Banque mondiale annonce la suspension de ses opérations en raison de la crise socio-politique en cours au Mali.
Faisant suite aux évènements du 24 mai 2021, en plus des sanctions de la CEDEAO et l’UA, la France et les USA, la Banque mondiale a demandé à ses services de décaissement d’observer une pause des décaissements, jusqu’à un retour à une situation normale. Il y a nécessité de signaler que la Banque mondiale représente plus de 1,5 milliards de dollars en termes de financement de projets au niveau du secteur public malien à travers l’Association Internationale de Développement (IDA).
Cette pause se traduit par le non-traitement des demandes de décaissements reçues après le 24 mai 2021, et de celles reçues mais non traitées avant le 24 mai. En effet, ces difficultés ou contraintes touchent de ce fait tous les projets et programmes de l’institution de Bretton Woods en cours d’exécution au Mali.
Le Mali rencontre déjà des difficultés dans le cadre de la mise en œuvre des projets et programmes de la Banque mondiale, notamment l’insécurité dans certaines zones d’intervention des projets ; l’impact de la pandémie de la Covid 19 qui a entraîné l’arrêt ou le ralentissement considérable des activités, par ricochet des décaissements ; la lenteur répétitive dans le processus de passation des marchés ; les lenteurs observées dans le démarrage de certains projets.
La prolongation de la crise socio-politique affecte non seulement la population malienne et surtout les plus vulnérables qui sont les bénéficiaires directs et indirects, mais aussi la viabilité des projets du portefeuille de la Banque mondiale, qui ont dû arrêter temporairement le traitement des demandes de décaissements soumises et les paiements aux fournisseurs de services après les évènements récents du 24 mai 2021. Il faudra dire que cette malheureuse situation met à risque des années de construction en capacité humaine et physique, ainsi que l’intégrité du portefeuille de la Banque mondiale. Face à cette situation, la Banque mondiale a initié une démarche visant à sauvegarder les acquis physiques et humains des différentes Unités de Gestion des projets (UGP) et de régler un certain nombre de problèmes fiduciaires et administratifs, tels que les dépenses récurrentes de fonctionnement et les contrats faisant l’objet d’exceptions aux mesures de pause temporaire des décaissements.
Cette décision peut faire l’objet d’une sanction croisée par d’autres banques multilatérales de développement et partenaires de développement en vertu de leur Accord pour l’exécution mutuelle des décisions de sanction. Pour éviter d’autres mesures répressives et alléger celles déjà prises, les autorités maliennes devront, dans les plus brefs délais, mettre en œuvre les recommandations issues du sommet extraordinaire des Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CEDEAO.
Djibril Touré
Source : L’Aube