Tâches prioritaires de la MINUSMA, selon Jean Yves Le DRIAN au Conseil de Sécurité des NU : Mise en œuvre de l’accord, appui au redéploiement de l’État et à la protection des civils dans le centre du pays

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Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian

Le mois de juin revêt une importance majeure pour le Mali, car c’est celui du renouvellement du mandat de la MINUSMA. Face aux enjeux persistants auxquels est confronté le pays, « la MINUSMA reste le meilleur outil dont dispose la communauté internationale pour appuyer les Maliens sur le chemin de la paix et de la sécurité », selon ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le DRIAN. Dans la négociation de ce mandat, qui s’ouvrira dans les jours qui viennent, les priorités seront de « conforter la MINUSMA dans ses tâches prioritaires : mise en œuvre de l’accord de paix et appui au redéploiement de l’État et à la protection des civils dans le centre du pays ». Ainsi à l’occasion de la présidence française du Conseil de sécurité, Le DRIAN a présidé le 11 juin 2020 à New York, la réunion de cet organe des Nations-Unies, sur le Mali. C’était en présence du Secrétaire général des Nations- Unies, Antonio GUTERRES, du Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Sahel et le Mali, Pierre BUYOYA, et de nombreux ministres dont le Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale du Mali, Tiébilé́ DRAMÉ qui y a pris part, par visioconférence. Cette présence est le « signe de l’intérêt que nous portons collectivement à la situation au Mali et, au-delà, au Sahel », a déclaré Jean Yves Le DRIAN.

Selon le ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le DRIAN, « la mise en œuvre » de l’accord de paix qui a été trouvé, sous l’égide de l’Algérie, en 2015, « a connu d’importants progrès ». Cette année, pour la première fois depuis cinq ans, mille soldats de l’armée malienne reconstituée, c’est-à-dire intégrant d’anciens rebelles, ont fait leur retour dans les villes du Nord, dont celle, symbolique, de Kidal. Et les avancées sur les autres volets de l’accord de paix se poursuivent, que ce soit sur la décentralisation, le développement du Nord ou la participation des femmes au processus de paix, selon Le DRIAN.

Saluant le courage et l’engagement des populations civiles et les armées du Sahel, qui paient un lourd tribut du harcèlement des groupes terroristes, le ministre français a eu une pensée spéciale et des condoléances à transmettre à toutes les victimes civiles et militaires au Sahel. « Je voudrais aussi, à cet instant, avoir une pensée particulière à l’égard de Soumaïla Cissé, toujours en détention aux mains des terroristes », a-t-il ajouté. Selon lui, la situation humanitaire, aggravée par la pandémie de la COVID-19, continue de se détériorer, engendrant une augmentation du nombre de déplacés internes et de réfugiés. Pour lui, la réconciliation des différentes communautés reste un défi. Enfin, le changement climatique rend le Mali et l’ensemble de la région particulièrement vulnérables, dit-il.

« Au Sahel, nous travaillons avec des États, parfois fragilisés, mais engagés. Et la communauté internationale a accru son soutien avec le lancement cette année de la Coalition pour le Sahel. Nous tiendrons demain [le vendredi 12 juin 2020] sa première réunion ministérielle. Sur le terrain, cette dynamique s’est traduite par la mise en place d’un mécanisme de commandement conjoint entre la force française Barkhane, forte de 5 100 soldats, et la Force conjointe du G5 Sahel ». Les résultats sont là, avec des victoires dans la lutte contre le terrorisme, dont la neutralisation, la semaine dernière, d’Abdelmalek Droukdal, chef d’Al Qaida au Maghreb islamique, commente Jean Yves Le DRIAN. La Task Force Takuba, qui réunit des forces spéciales européennes, a également été lancée. « Nous avons enfin poursuivi nos efforts en matière de gouvernance et de retour de l’État, avec le Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel, lancé avec l’Allemagne, et aussi avec les actions de développement dans le cadre de l’Alliance Sahel », a indiqué le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Le mois de juin revêt une importance majeure pour le Mali, car c’est celui du renouvellement du mandat de la MINUSMA. Face aux enjeux persistants auxquels est confronté le pays, la MINUSMA reste le meilleur outil dont dispose la communauté internationale pour appuyer les Maliens sur le chemin de la paix et de la sécurité, selon Le DRIAN. « Le plan d’adaptation de la MINUSMA, que j’invite l’ensemble des États membres à soutenir, devrait améliorer encore ses capacités ».

Dans la négociation de ce mandat, qui s’ouvrira dans les jours qui viennent, les priorités seront de « conforter la MINUSMA dans ses tâches prioritaires : mise en œuvre de l’accord de paix et appui au redéploiement de l’État et à la protection des civils dans le centre du pays », indique-t-il.

Selon Le DRIAN, « les agissements de certains acteurs, en substitution flagrante de l’autorité de l’État au Nord, ne sont pas admissibles. Leur désarmement doit se poursuivre, dans les conditions agréées par les parties. D’un autre côté, les réformes politiques et institutionnelles prévues par l’Accord se font encore attendre. Je le redis ici : l’Accord de paix issu du processus d’Alger doit rester notre boussole, et c’est vers sa mise en œuvre pleine et entière que nous devons tendre. Ceux qui s’y opposeraient, de quelque camp qu’ils soient, s’exposeraient à des sanctions ».

Ce renouvellement du mandat doit aussi être l’occasion de rappeler nos exigences concernant la protection des civils et le respect du droit international humanitaire, l’accès humanitaire, ainsi que le respect des droits de l’Homme et la lutte contre l’impunité, poursuit-il. « Le gouvernement malien a annoncé des enquêtes concernant plusieurs allégations de graves violations des droits de l’Homme, dont certaines seraient imputables à des éléments des forces de défense et de sécurité. Il est essentiel que les responsables de ces actes inacceptables soient traduits devant la justice, comme le gouvernement malien s’y est engagé », selon le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

En cette année de 20e anniversaire de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité, il a rappelé l’importance d’une participation pleine, active et effective des femmes, sans lesquelles il ne peut y avoir de paix durable.

La MINUSMA agissant en lien avec d’autres présences de sécurité, « il est enfin important que des synergies adéquates se mettent en place. Par souci d’unité de ce Conseil, nous défendrons le maintien de l’appui apporté par la MINUSMA à la force conjointe, ainsi qu’une clarification concernant la manière dont ce soutien est fourni au-delà du territoire malien », a dit Jean Yves Le DRIAN.

B. Daou

Source : Le Républicain

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