Après la chute du régime IBK en Août 2020, nombreux étaient les observateurs de la scène politique malienne à s’inquiéter de l’avenir, voire du devenir du Rassemblement pour le Mali, RPM, tant les contradictions, les dissensions et les égos surdimensionnés des uns et des autres avaient pris le dessus sur le combat idéologique. La hache de guerre des clans qui avait été enterré un moment, vient d’être déterrée à la suite des Assises du Comité Central du parti des tisserands au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah. Ces Assises convoquées par le Président du parti Bocari Tréta semblent outrepasser les prérogatives statutaires, en tout cas selon les membres d’un Collectif pour la Défense des Statuts et Règlement Intérieur du RPM, CDSRI. Contre toute attente les cadres du parti présents à ce comité central ont illégalement désigné le candidat du parti à l’élection présidentielle, dont la date est loin d’être fixée. Pour Tembiné, Gano et Diarrassouba, cette décision, à la fois hâtive et non consensuelle ne saurait engager leur parti d’où l’appel à la mobilisation des militants pour barrer la route à Tréta et compagnie. Va-t-on désormais assister à une bataille de légitimité contre celle de la légalité ? Le RPM va-t-il connaitre le même sort que l’ADEMA ? Le Père spirituel qu’est IBK va-t-il faire comme Alpha Oumar Konaré qui a assisté à la fracture de l’ADEMA sans piper mot ?
C’est par une correspondance en date du 7 janvier 2022 que le collectif pour la Défense des Statuts et Règlement Intérieur du RPM a vigoureusement contesté la déclaration portant sur la résolution générale de la troisième session du Comité Central du RPM, tenue les 28 et 29 décembre 2021 au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah. Les frondeurs dont les têtes de proue sont les honorables Moussa Tembiné, ancien Président de l’Assemblée Nationale et Président du Mouvement des jeunes du RPM, Me Babar Gano, ancien député et secrétaire général du Bureau politique National du RPM et l’honorable Mamadou Diarrassouba, ancien député, ancien questeur de l’Assemblée Nationale et membre de l’actuel Conseil National de Transition, CNT, désapprouvent les résolutions et recommandations issues de ce Comité central du RPM. Parmi les points de discorde il y a entre autres la désignation du Président du parti Dr Bocari Tréta comme candidat naturel à la prochaine élection présidentielle, le Quitus accordé au BPN- RPM de procéder au remembrement du Bureau politique National, BN-UF RPM, BN-UJ-RPM en dehors du cadre normatif, la modification et la mise en application immédiate des textes du parti sans être entérinée par l’instance appropriée qu’est le congrès. Le Collectif, tout en demandant au BPN-RPM d’annuler lesdites résolutions qu’il trouve illégitimes et illégales, se réserve le droit de mener, par tous les moyens légaux, des actions pour défendre les Statuts et Règlement Intérieur du RPM et demande la convocation sans délai d’un congrès pour renforcer le parti.
En somme, ni Alpha Oumar Konaré, encore moins IBK, n’ont été des bons leaders, car ils ont adopté la posture, après moi le déluge, en assistant à l’implosion des partis qui leur ont permis d’accéder à la magistrature suprême. Aux cadres et militants de ces partis de faire preuve de sagesse en mettant les intérêts supérieurs de leurs formations politiques au-dessus de leurs égos et des querelles byzantines. Un dialogue fécond afin d’aboutir à un large consensus est plus que nécessaire pour éviter le syndrome de la division ou de l’implosion du RPM.
Youssouf Sissoko
Source : L’ALTERNANCE