Tiébilé Dramé signe son come back au ministère des Affaires Etrangères, 28 ans après l’avoir occupé à la faveur de la chute du régime du parti unique et de la transition démocratique en 1991. Le gouvernement de mission de Soumana Sako faisait appel à l’ancien leader estudiantin ‘’frondeur’’, qui en avait fait montré de toutes les couleurs au pouvoir du Président Moussa Traoré. Aujourd’hui, c’est un accord politique entre pouvoir et opposition, imposé par l’évolution sociopolitique chaotique du pays et exigé par l’opposition, qui a servi de porte d’entrée au gouvernement, du leader de l’opposition radicale, Tiébilé Dramé.
La signature de l’accord politique a-t-elle mis fin à la ‘’bagarre’’ entre IBK et son petit frère Tiébilé Dramé, appelé par d’autres, l’« enfant terrible de la République » ? La mise en œuvre de l’accord à l’allure de feuille de route nous le dira. Déjà les dispositions de cet accord politique tentent de jeter des balises dans son article 4: « Le gouvernement formé travaillera dans la collégialité et ne saurait servir … d’espace de contestations politiques qui conviennent plutôt à un parlement. Une fois qu’ils ont pris fonction, les ministres répondent au Premier ministre, chef du gouvernement ».
Qui est Tiébilé Dramé ?
Né le 9 juin 1955 à Nioro du Sahel, le Président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) est un homme politique malien, avec un riche carnet d’adresses. Tiébilé Dramé est un ancien leader estudiantin, qui a été emprisonné à plusieurs reprises sous le régime du Général Moussa Traoré, notamment au nord, à Bougheïssa, Ménaka et Talataye.
En tant que Secrétaire Général de l’Association des Elèves et Etudiants de l’École Normale Supérieure (ADEENSUP) et de l ‘Union Nationale des Élèves et Étudiants du Mali (UNEEM), il a été un des principaux dirigeants des grèves et des manifestations estudiantines des années 1977-1980. Ancien « prisonnier d’opinion » adopté par Amnesty International, militant des droits de l’Homme, il a travaillé, pendant plusieurs années au Secrétariat International d’Amnesty International à Londres où il enquêtait sur les violations des droits de l’homme dans les pays d’Afrique de l’Ouest francophone (notamment Bénin, Guinée-Conakry, Mauritanie, Niger, Sénégal).
Exilé en France et en Angleterre pendant dix ans, il a milité activement dans les milieux de l’immigration malienne et dans la diaspora africaine et antillaise. Membre actif du Comité de défense des libertés démocratiques au Mali (CDLDM), du Collectif Anti- Apartheid (CAA), du Comité international de défense des ouvriers africains (CIDOA), il a dirigé l’Association pour la promotion des cultures minoritaires en France (Promo culture) et la radio Diaspora 2000 (Tropic FM). Militant du Mouvement démocratique, sensible au devenir des travailleurs migrants et de leurs familles, il était présent à leurs côtés, leur dispensant des cours d’alphabétisation dans les foyers, et soutenant leurs luttes notamment les grèves de loyers, les grèves contre les plans de licenciements (Renault, Peugeot) ou pour de meilleures conditions de travail (Remetal, etc.)
Tiébilé Dramé était le principal responsable à l’extérieur du groupe politique clandestin « Union de lutte Tiémoko Garan Kouyaté » (ULTGK) qui a été à l’origine de la création de l’Association Nelson Mandela et de l’ADIDE (association des jeunes diplômés sans emploi) en 1987, du CNID-Association et de l’AEEM (association des élèves et étudiants du Mali) en octobre 1990. Les responsables de ce groupe à l’intérieur étaient : Yoro Diakité, Amidou Diabaté, Drissa Diakité, Cheikh Oumar Sissoko et Oumar Mariko. Rentré d’exil après la révolution démocratique de mars 1991, il a été nommé Ministre chargé des Maliens de l’Extérieur, puis Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement de la 1ère Transition. Il a, plus tard, occupé les fonctions de Ministre des Zones arides et semi-arides.
A la fin de la Transition, il lança l’hebdomadaire « Le Républicain » qui deviendra très vite un des journaux de référence de la presse malienne. « Le Républicain » est, à ce jour, un des principaux quotidiens du pays. Elu député à l’Assemblée nationale du Mali en 1997, il a été membre du Comité interparlementaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) qu’il a présidé de 2001 à 2002. Il a dirigé le comité d’organisation du sommet Afrique-France qui s’est tenu à Bamako les 3 et 4 décembre 2005.
Tiébilé Dramé a servi comme fonctionnaire des Nations-Unies dans plusieurs pays en crise comme Haïti et le Burundi. Médiateur de l’ONU dans la crise Malgache en 2009, il a joué un rôle de premier plan dans les négociations inter-malgaches de Maputo et d’Addis-Abeba.
Tiébilé Dramé s’est présenté à l’élection présidentielle en 2002 et en 2007. Il a été un des premiers responsables politiques maliens à s’opposer au coup d’Etat du 22 mars 2012. Au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (le front anti-putsch), il a réclamé la restauration de l’ordre constitutionnel, le retour des militaires dans les casernes et leur soumission à l’autorité politique.
Très tôt, il a pris conscience de l’importance de la crise du Nord dans la stabilité du Mali et la sécurité de la sous-région. Préconisant de « surveiller le Nord comme du lait sur le feu », Dramé a, à plusieurs reprises, au sein du PARENA, puis de la Coalition pour le Mali, œuvré avec une rare détermination à la résolution de la crise du Nord sur une base démocratique, juste et durable. Tiébilé Dramé est marié et père de famille.
Daou
Source: Lerepublicainmali