Dans son mémorandum sur la crise institutionnelle et sécuritaire: « Comment sortir de l’impasse…comment préserver l’Etat », le Président du Parena, Tiébilé Dramé, invite le Président de la Transition à prendre la juste mesure de la gravité de la situation.
La dégradation de la situation sécuritaire est devenue une grave menace pour l’existence même de l’État malien. Il ne se passe un seul jour sans qu’un drame ne se produise quelque part sur le territoire: villages assiégés, villageois expulsés de leurs foyers, champs brûlés, enlèvement de milliers de têtes de bétail, ponts et puits dynamités, policiers exécutés, exactions en tous genres contre les civils, attaques contre les détachements et convois de l’armée, militaires et donsos tués. Le sang coule presque chaque jour au Mali (Marébougou/Djénné, Siby-Niono, Songo, les villages de la plaine de Sabalibougou.
Face à cette situation, le chef du Parti pour la renaissance nationale demande à Assimi Goïta de renoncer à la tenue des « Assises de la refondation » pour ne pas diviser davantage les Maliens. Mieux, Tiébilé Dramé invite le chef de l’Etat à allouer les milliards, initialement prévus pour ces assises, aux populations en détresse, lesquelles sont chassées de leurs terres et de leurs foyers par les groupes terroristes dans les cercles de Niono et Djenné, sur le « Plateau » et dans le Delta du Niger.
« Le Parena invite le Président de la Transition à réunir, dans les meilleurs délais, les forces vives de la Nation pour dessiner une feuille de route consensuelle sur la base d’une réelle volonté politique, d’un nouveau calendrier électoral, d’un CNT et d’un gouvernement plus inclusifs et d’un Premier ministre moins clivant, plus rassembleur et plus consensuel », souhaite Tiébilé Dramé dans son mémorandum.
Pour lui, faute de volonté politique, le gouvernement de Transition se retrouve, à quatre mois de l’échéance annoncée, dans l’incapacité d’organiser les élections marquant la fin de la transition et dans l’impossibilité de produire un nouveau calendrier électoral. Or, l’insécurité gagne du terrain: le processus de restauration de l’ordre constitutionnel est dans l’impasse.
« La mort, le 30 octobre 2021, de sept FAMa à Ségou et à Mourdiah illustre la détermination des groupes terroristes qui ont étendu leur emprise sur la quasi-totalité du territoire. Les populations sont abandonnées à elles-mêmes dans les cercles de Niono, Ké-Macina, Ténenkou, Youwarou, Djenné et dans des secteurs entiers du cercle de Mopti. Sur « le Plateau », les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro ploient sous la loi des Katiba du Macina et Serma », déplore l’ancien ministre des Affaires étrangères du Mali.
Avec la rentrée scolaire, le président du Parena n’a pas oublié l’éducation qui paie un lourd tribut à la propagation de l’insécurité: près de 1500 écoles étaient fermées avant la fin de l’année scolaire écoulée dans les régions du nord et du centre. Des centaines de milliers d’élèves ont été exposés à la rue. Signe de l’extension de l’insécurité, quelque 90 écoles étaient fermées dans les académies d’enseignement de Banamba et de Nara.
Dans plusieurs localités du nord, des écoles publiques ont été transformées en structures d’enseignement coranique. Illustration de l’éclipse de l’État, la réouverture des écoles fermées a fait l’objet d’un accord négocié en mars 2021 entre les communautés et la Sariat Al Forqane, affiliée à Aqmi. Les extrémistes ont alors imposé leurs conditions, en particulier, la séparation des filles et des garçons, le port du voile pour les filles et l’enseignement de l’arabe.
« Au lieu de prendre la juste mesure de cette situation gravissime et de rassembler le pays autour des FAMa pour juguler les nuages qui s’amoncellent, le gouvernement de Transition s’est engagé dans le déni, dans la fuite en avant et dans des initiatives qui divisent, telles que les « Assises de la refondation » ou l’instauration d’un climat d’intolérance et d’atteinte aux libertés démocratiques fondamentales dont le dernier épisode en date est l’incarcération de Monsieur Issa Kaou N’Djim », conclut M. Dramé.
Adama DAO
Source : Le Tjikan