TOUT SUR L’ACCORD POLITIQUE DE GOUVERNANCE : Ses signataires, les déclarations

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Après une dizaine de jours de négociation et de consultations, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, nommé le 22 avril dernier a enfin trouvé un accord avec les forces politiques de la majorité, de l’opposition et de la société civile. Cela s’est matérialisé le jeudi 2 mai 2019 à travers la signature officielle de l’Accord politique de gouvernance pour la formation d’un Gouvernement de mission, comme voulue par le Chef de l’Etat.

Ils sont une dizaine de partis et de regroupement politiques à apposer leur signature au bas du document. Il s’agit de l’EPM, du FSD, de la COFOP, de la Coalition Malienne pour le Développement, de la Coordination des partis politiques non alignés, de YELEMA, du PIDS, du MORENA, du Parti Socialiste pour le Renouveau, du Mouvement Populaire pour la République et la Démocratie, du Parti des jeunes patriotes, de l’Union des forces pour le changement, du parti Inna Mali banet, de l’APM-Maliko et du Parti Africain pour le Développement et l’Intégration. Aussi, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé a signé le document pour la partie gouvernementale. C’était sous l’œil vigilant des membres de la Société civile, des familles fondatrices de Bamako, des leaders religieux, des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et d’autres personnalités, dont le Secrétaire général de la Présidence M. Moustapha Ben Barka.

Les interventions

Après avoir signé le document pour le FSD, le Pr Oumar Hamadoun Dicko, au nom des signataires a indiqué que «ce jour est un grand jour, un grand moment d’histoire, un moment d’espérance pour le Mali. Le pays vit souvent des convulsions fortes. Mais les hommes et les femmes de ce pays doivent avoir les ressources pour faire face à ces convulsions. Le bateau Mali peut tanguer mais nous ne le laisserons jamais couler. Aujourd’hui, ce n’est plus une question d’hommes ou d’individus, c’est le Mali qui est en cause ; l’éternel Mali, notre Mali, le Mali de chacun de nous. Voilà pourquoi nous sommes ici dans cette cérémonie qui est en fait une union sacrée pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour l’avenir de ce pays. Nous avons saisi une opportunité historique ; celle de la main tendue qui était la bienvenue, parce que cette main voulait sauver le Mali. Nous avons posé des conditions. On n’est pas totalement satisfait mais on a l’essentiel, parce qu’on a le cœur du débat, nous avons en commun le Mali. Rien ne peut être au-dessus de notre pays».

S’adressant au nouveau Premier ministre, il dira «félicitations, parce que le bon Dieu a voulu que ouvrez le chantier d’une œuvre nouvelle, de jours nouveaux dans le consensus, la convivialité. Vous êtes chanceux. Mais la tâche est dure, elle est rude. A vous seuls, vous ne pourrez pas. Il faudra les efforts conjugués des uns et des autres en plus de votre propre doigté, votre intelligence et votre propre savoir-faire mais aussi votre fermeté pour faire avancer notre pays et le sortir des dédales dans lequel il se trouve. J’ose espérer, je pense, je souhaite, je veux, qu’ensemble nous puissions voir de jours nouveaux, de chantiers nouveaux pour voir le Mali grandir pour chacun de nous. C’est cela l’objet de la rencontre d’aujourd’hui, de notre union sacrée et notre amour pour la patrie».

Quant au Premier ministre, le Dr Boubou Cissé, il a exprimé son et son honneur d’accueillir les uns et les autres «pour la signature de l’Accord politique que nous négocions depuis plusieurs jours maintenant avec différents regroupements politiques». Pour lui, «peu importe, le temps mis à échanger, l’important est d’arriver à un accord consensuel qui rassemble ; car aujourd’hui, plus que jamais, notre pays a besoin de rassembler ses fils et ses filles». Le Premier ministre Boubou Cissé dira que «lorsque le Président de la République m’a accordé sa confiance, il a insisté sur la concertation, le dialogue et surtout  l’écoute de toutes les sensibilités politiques». Ainsi, dit-il «j’ai voulu aller vers tous, mais je ne suis pas encore parvenu, mais je reste engagé à parler à chacun en utilisant les voies les plus appropriées. J’ai pris attache avec les regroupements politiques dont le Front pour la sauvegarde de la Démocratie (FSD), l’alliance Ensemble pour le Mali (EPM) la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP), la Coalition Malienne pour le Développement (CMD)». Cependant, il a tenu à rassurer tous les autres partis  regroupements politiques notamment les Partis politiques non alignés, qu’il accorde la même considération à tous les regroupements qui œuvrent pour un Mali démocratique, stable et prospère. «Toutes les sensibilités politiques de notre pays seront valorisées» a-t-il promis.

«L’occasion qui nous réunit aujourd’hui est d’une portée politique hautement significative. Notre pays traverse une crise très profonde depuis des années ; en parler, déplorer les erreurs et les manquements, condamner les errements, pleurer nos morts d’Ogossagou, de Dioura, Guiré, Ménaka  et d’ailleurs, est en soi un exorcisme. Mais nous ne pouvons juste conjurer le mauvais sort et transformer le pays comme par enchantement. Des actions courageuses sont nécessaires, des sacrifices le sont, tout autant. Le Président de la République a la conscience la plus aigüe des défis de notre pays et de la nécessité de rassembler tous les fils au chevet de la mère patrie. Il a voulu un Accord politique avec l’ensemble de la classe politique en vue d’une collaboration plus volontariste dans la recherche des solutions à la crise qui secoue notre pays» dit-il. Pour lui, «l’objectif n’est point d’annihiler l’opposition politique- ce qui est d’ailleurs impossible- il ne s’agit pas non plus de créer les conditions d’un partage de gâteau comme aiment à le dire d’autres. Il ne s’agit pas non plus de fuir les responsabilités qui sont les siennes, celles d’un Président démocratiquement élu, qui doit remplir sa fonction comme cela ressort du serment prêté devant la Cour Suprême le 4 octobre dernier».

 

Une opportunité de bâtir un Mali nouveau

Il expliquera que le Président de la République et lui sont convaincus que chacun, au-delà  des différences d’opinion, des oppositions politiques, peut contribuer à la recherche de solution pour ramener la paix, et la stabilité dans notre pays. «J’ai découvert que dans la langue chinoise le mot crise est composé de deux vocables : danger et opportunité. Cela résume parfaitement la situation de notre pays. Il y a le danger que notre patrimoine commun s’effrite, que le Mali dont rêvaient les pères de l’indépendance se désagrège car nos ennemis semblent remporter des victoires quand, même face à la mort et à la désolation dans le centre de notre pays, nous nous divisons davantage, vouons nos institutions aux gémonies, ridiculisons notre armée » a-t-il. Pour lui, «nos ennemis se nourrissent de notre division, de nos querelles de personnes, de nos intérêts partisans. Par contre, nous avons là, une opportunité unique de bâtir un Mali nouveau, un Mali fort, un Mali plus démocratique, un Mali prospère, un Mali où les communautés retrouvent la confiance ancestrale qu’elles avaient les unes en les autres, un Mali où la prospérité profite à tous, un Mali véritablement uni où on ne parlerait plus ni du Nord, ni du Centre, ni du Sud, simplement de nos frères et sœurs, de nos villes, de nos campagnes où chacun se sentirait chez lui. C’est ce Mali que nous allons nous atteler à construire avec vous tous et j’ose espérer que l’Accord politique est la fondation sur laquelle nous bâtirons des relations nouvelles sans qu’un parti ou un regroupement se confonde en un autre, ou abandonne son idéologie au profit d’un autre. L’accord souhaite valoriser toutes les sensibilités politiques car, nous estimons que tous ceux qui sont présents à la présente cérémonie, ceux qui sont ailleurs, dans leurs bureaux, ceux qui sont au marché, les ouvriers sur les chantiers, les artisans dans leurs métiers, le soldat qui se bat au front, pour notre sécurité, etc. tous, ont en commun une chose : le bonheur de notre pays. Oui, le Mali, c’est notre patrimoine commun ; nous ne devons, sous aucun prétexte le laisser détruire» a-t-il affirmé.

En outre, il dira que «le Président de la République, par ma voix, invite tous les partis et regroupements de partis à adhérer à l’accord politique de gouvernance qui est proposé. La cérémonie de ce matin n’est pas la seule opportunité pour y adhérer ; ceux qui ne sont pas présents ce matin, peuvent toujours marquer leur adhésion par une adhésion ultérieure». Pour le Premier ministre Boubou Cissé, «l’accord n’est qu’un commencement, il ouvre le chantier bien plus grand de la recherche de la paix, des réformes politiques et institutionnelles et simplement, d’une meilleure gouvernance en perspective. Le Président de la République en est le garant et le gouvernement et moi-même, en serons les exécutants fidèles. Nous resterons debout sur les remparts et résolus de donner tout ce que nous avons à notre Mali».

Le Dr Boubou Cissé a tenu à exprimer sa gratitude au Chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé. «Il m’a ouvert ses portes pour le dialogue et je ne doute nullement de la sincérité de son engagement pour un Mali stable et prospère. A travers lui, tous mes remerciements vont à l’ensemble des partis politiques de l’opposition. Une démocratie sans opposition n’en est pas une. Le future gouvernement aura besoin que d’autres portent un œil critique sur ses actions, que d’autres puissent, à travers leurs critiques, que je souhaite, positive, contribuer à la sortie de crise» a-t-il fait savoir.

«Je suis Serviteur de l’Etat, je vous demande, à tous, de m’aider à bien servir notre pays. Je donne ici l’engagement que l’accord politique sera au cœur de mes actions et que nous pourrons l’enrichir à la suite du dialogue politique inclusif auquel l’ensemble de la classe politique, la société civile et la majorité des maliens souscrivent» a-t-il conclu.

Dieudonné Tembely

Source: L’Evènement

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