La presse malienne par la voix du vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry, alerte sur la baisse drastique de l’aide publique aux médias que le président avait porté il y a 2 ans, à 300 millions de F CFA et le mépris à l’égard des journalistes souvent traités de pro ou anti IBK. “Vous êtes notre président à tous, mais, les journalistes sont traités de pro ou anti IBK”.
A l’occasion de la traditionnelle présentation de vœux de la presse au président de la République, les faitières des hommes de médias ont profité de l’occasion pour partager avec IBK les préoccupations de l’heure.
Exprimant tout d’abord, le souhait d’une année de paix après plusieurs années de crise dans les localités du Nord et désormais du Centre, la presse malienne, surtout privée a alerté sur la baisse drastique de l’aide publique aux médias, portée il y a 2 ans à 300 millions de F CFA par le président de la République.
Le vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry Alexis Kalambris : “Nous avions apprécié cette augmentation à sa juste valeur même si nous serons toujours frustrés de constater que notre pays, pionnier en la matière puisque initié par vous-même en 1996, reste aujourd’hui loin derrière des pays comme le Burkina Faso, le Sénégal et le Niger dont le montant avoisine le milliard de F CFA. Nous vous signalons que le montant de cette année est de 170 millions seulement pour plus de 500 radios et 120 journaux. Nous comprenons les difficultés actuelles du pays, mais nous déplorons un traitement défavorable de la presse qui voit que les subventions aux partis politiques ont été entièrement payées”. Et de rappeler que la Maison de la presse reconnue d’utilité publique depuis 1995, n’a jamais bénéficié d’un budget de fonctionnement. “Nous comptons sur votre implication personnelle pour sa régularisation. Nous osons espérer la mise en place de ce montant dans un bref délai”, souhaite-t-il, ajoutant que la presse compte également sur l’appui de Koulouba pour améliorer le secteur de la presse au Mali.
“Nous sommes tous conscients que la qualité de nos médias n’est pas à hauteur de souhait en termes de respect de l’éthique et de la déontologie. C’est pourquoi, tout en saluant le travail abattu par la Haute autorité de la communication (Hac), nous avons mis en place un Comité éthique et déontologique (Cedep), composé de personnalités de différents médias. Nous comptons sur votre appui personnel et celui du gouvernement pour le bon fonctionnement de cette structure qui n’a pas pu fonctionner 2018 à cause des problèmes financiers et matériels…”.
Toujours dans la dynamique de l’amélioration de l’environnement économique des médias, le vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry a en outre sollicité la mise en place d’un Fonds d’appui aux médias privés comme dans tous les autres pays dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa). “Ce fonds pourra être alimenté par le Fonds d’accès universel et servira à financer la création de la centrale d’achat des intrants d’imprimerie, des équipements radio et télévision ainsi que la numérisation de nos entreprises”.
Les dérives liberticides dénoncées
S’agissant de l’accès à l’information, la presse déplore un traitement peu amène des médias privés, notamment lors des cérémonies organisées par la présidence de la République et le gouvernement. “Les médias publics sont considérés comme seuls devant avoir la primeur et
l’exclusivité de l’information. Nous déplorons également le harcèlement financier des organes dits de l’opposition. Autant à la présidence que dans les ministères, les médias et les journalistes
sont traités selon leur ligne éditoriale. Vous êtes notre président à tous, mais, les journalistes sont traités en pro ou anti IBK. Nous déplorons également le fait que depuis 3 ans, nous sommes sans nouvelle de notre confrère Birama Touré, que des journalistes de Mali Actu sont empêchés de travailler accusés d’avoir appelé un ministre à démissionner, que d’autres confrères comme le directeur de la Sirène reçoit des menaces de la fille d’un ministre et enfin que la justice tente d’obliger des journalistes à donner leurs sources. Tout cela n’est pas IBK, n’est pas de notre Maliba. Encore une fois, nous serons heureux que des fonds publics n’aillent plus prioritairement aux médias étrangers dont des pages sont facturées à des dizaines de
millions de F CFA. Par an, ce sont des centaines de millions de F CFA qui vont à la presse étrangère et les ministères se déchargent toujours sur la présidence, qui donnerait des ordres…”
Le procès de la presse
Pour le vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry, la presse est aussi consciente de ses devoirs. “C’est pourquoi, au cours de l’année électorale 2018, la Maison de la presse a eu un important projet de formation et de monitoring des médias pour un meilleur accompagnement du processus électoral. Nous continuons à chercher des moyens pour relancer et renforcer l’autorégulation…”
Source: L’Indicateur du Renouveau