Au Mali on flaire grandement le probable échec des futures assises nationales de refondation présentées pourtant comme la seule voie pour une ultime convergence nationale susceptible d’impartir à l’actuelle transition une toute dernière chance de réussite convenable aux challenges qui se corsent inexorablement. En effet si bon nombre de Maliens reconnaissent l’impérieuse nécessité de véritables assises nationales de refondation motivé par l’intérêt supérieur du Mali, beaucoup doutent de la sincérité et de la bonne foi de ceux qui piloteront cette importante étape de la présente période d’exception que nous traversons. Les plus suspicieux préjugent de facto que ces assises budgétivores n’ont qu’un seul but : celui de la confirmation à haute voix par une partie de la population de ce qui est l’ardent désir des acteurs de la transition. Cette supposée machination est juste inadmissible pour une vingtaine de partis politiques, pas des moindres, qui refusent énergiquement l’idée d’une prorogation de la transition et boycottent ainsi par anticipation les assises annoncées.
De l’autre côté, les autorités de la Transition entretiennent elles-mêmes encore le doute même si le voile se lève sur leur intention qui est un secret de polichinelle. Par ailleurs, le citoyen lambda, qui a toujours voulu de réelles assises qui prendraient en compte ses préoccupations, n’a pas été satisfaite par les précédentes et voudrait bien que celles qui arrivent soit sans instrumentalisation mais surtout la plus inclusive possible. La vérité est qu’au Mali le peuple ne sait plus à quel saint se vouer ; les deux camps qui s’opposent dans cette cuisante question de prorogation de la transition affirment n’agir que pour le bien-être de la population alors que sur le terrain la réalité est tout autre. En tout cas, prolongation ou pas, on peut affirmer sans risque de se tromper que le Mali n’est pas à l’abri d’une autre période trouble et cela s’est d’ailleurs constaté lors de la chaude rencontre entre la classe politique et les émissaires de la CEDEAO, le lundi 6 septembre 2021. Laquelle rencontre a vu la presque totalité des formations politiques, y compris certains partis qui composent le M5-RFP, réaffirmer leur attachement au respect scrupuleux du délai de la transition avant d’étaler une énième fois leur grande divergence de vues sur des questions en rapport avec l’organe unique de gestion des élections mais aussi des assises nationales dites de refondation.
Sur un tout autre plan, on reste aphone devant certaines sorties médiatiques d’Aboubacar Sidiki Fomba, Fousseynou Ouattara tous deux membre du Conseil national de transition, ainsi que du ministre Oumarou Traoré, parmi tant d’autres qui ne vont pas avec le dos de la cuillère en tenant des propos discriminatoires et d’exclusion susceptibles d’envenimer la délicate situation en oubliant peut être que personne n’a le monopole du patriotisme encore moins de la vérité. En définitive, si prolongation il doit y avoir, seul de véritables assisses nationales inclusives destinées à la refondation d’un Mali en pleine déliquescence pourront trancher. Il convient cependant de rappeler à ceux qui tiennent les commandes du pays qu’aucune autorité de Transition n’étant légitime, ils doivent se gardent donc d’en abuser.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin