Un premier round de négociations entre les putschistes et la Cedeao s’est achevé à Bamako le 24 août, sans qu’un accord global n’ait été trouvé au sujet d’une transition. Jeune Afrique vous en dévoile les coulisses.
D’un côté, les hommes forts du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) : son chef, le colonel Assimi Goïta, ses vice-présidents, les colonels Malick Diaw et Modibo Koné, et son porte-parole, le colonel-major Ismaël Wagué.
De l’autre, la délégation de la Cedeao composée de Goodluck Jonathan, médiateur de l’organisation et ex-président nigérian, Kalla Ankourao, ministre nigérien des Affaires étrangères, et Jean-Claude Brou, président de la commission de l’institution ouest-africaine. Le Burundais Pierre Buyoya, représentant de l’UA pour le Mali, était aussi présent.
Une transition d’une année au maximum
Les échanges, qu’un participant décrit comme « assez francs », ont d’abord porté sur la durée de la transition à venir après le coup d’État du 18 août. Selon nos sources, les représentants du CNSP ont en premier lieu proposé, dimanche 23 août, une période de trois ans.
Mais les émissaires de la Cedeao sont restés intraitables. Le lendemain, le CNSP a donc modifié sa proposition, en évoquant cette fois une transition de deux ans. La Cedeao s’y est de nouveau opposée, en rappelant que la durée maximum acceptée par ses protocoles était de douze mois.
Lundi 24 août, alors que ce premier round de négociations s’achevait, aucun accord n’avait donc été trouvé sur ce point.
Qui à la tête de la transition ?
Deuxième point-clé de ces discussions : le choix de la personnalité qui dirigera la transition. Selon nos sources, le patron de la médiation, Goodluck Jonathan, a fait savoir que la Cedeao pourrait accepter la nomination d’un civil ou d’un militaire à la retraite.
Le colonel Assimi Goïta a alors rétorqué que le CNSP souhaitait quant à lui voir un militaire en activité prendre la tête de la transition. Le chef des putschistes a expliqué que l’un des plus grands défis du Mali étant la sécurité, une telle nomination s’imposait.
Aucun accord n’a, là non plus, été trouvé. Si la Cedeao a demandé à ses interlocuteurs de leur soumettre d’autres propositions pour le 25 août, ceux-ci ont demandé du temps, en affirmant qu’ils devaient en discuter « avec les Maliens ».
Un sommet de la Cedeao prévu le 27 ou le 28 août
La réunion virtuelle des chefs d’État de la Cedeao, initialement prévue ce 25 août, a été reportée et se déroulera jeudi 27 août ou vendredi 28 août selon nos sources, la date n’a pas encore été fixée en raison d’incompatibilités dans l’agenda de certains présidents.
Les présidents ouest-africains, qui écouteront au préalable le rapport de Goodluck Jonathan, doivent décider d’un éventuel assouplissement des sanctions prises à l’encontre des putschistes et du Mali.
Le CNSP a insisté, durant les négociations, sur la nécessité d’une levée des sanctions économiques prises par la Cedeao après le coup d’État. Les putschistes ont rappelé qu’ils avaient eux-mêmes été conciliants sur le sort réservé à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta.
IBK vers Abu Dhabi ?
L’ancien chef de l’État, que la délégation de la Cedeao a pu rencontrer, leur aurait déclaré n’avoir aucune intention de revenir au pouvoir, comme Alassane Ouattara et Alpha Condé l’avaient un temps envisagé.
Selon nos informations, les putschistes du CNSP ont accepté qu’IBK retourne prochainement dans sa résidence de Sébénikoro, sécurisée par la junte depuis le 18 août. Il aurait ensuite émis le souhait de quitter le pays pour poursuivre un protocole de soins à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis.
Le principe de ce séjour médical, qui serait provisoire et durant lequel IBK serait accompagné de son épouse, de son médecin et de son aide de camp, a été accepté par le CNSP.
Source : L’informateur