La pression est plus que jamais forte sur le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Lui qui entend établir un chronogramme électoral par les Maliens sans tenir compte des injonctions de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Les sanctions seront sévères contre les autorités transitoires si les élections ne sont pas tenues dans les 18 mois de la transition. Telle est la décision des chefs d’Etat de la communauté qui étaient réunis à Accra en sommet extraordinaire le 16 septembre 2021.
Bamako n’a fait aucun commentaire après le communiqué de la Cedeao sur la situation politique au Mali. Cette rencontre qu’on pourrait qualifier de dernier cri du cœur des chefs d’Etat de la région contre les coups d’Etat a pris des mesures dissuasives contre les chefs militaires actuellement au pouvoir au Mali et en Guinée. Les putschistes des deux pays seront punis en cas de refus de mettre en œuvre les recommandations de la Cedeao.
On constate que le ton est dur, en analysant certains extraits du communiqué final à l’issue du sommet extraordinaire d’Accra du 16 septembre 2021, et concernant l’évolution de la transition politique du Mali. Tenant compte des développements récents dans la région, la Conférence réaffirme que la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance est essentielle pour le développement, la paix et la stabilité de la région.
En conséquence, ajoute le communiqué, la Conférence instruit le président de la Commission à initier le processus de réexamen du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001 afin de renforcer la démocratie, la paix, et la stabilité dans notre région. A la lecture de cet extrait, il y a lieu de se poser des questions. Pour certains, la résolution est plus que contradictoire, puisque les chefs militaires maliens ont justifié les différents coups d’Etat par une situation sécuritaire dramatique aggravée par la mauvaise gouvernance des hommes politiques.
Pour se montrer plus menaçante, la Cedeao brandit des sanctions qui incluent l’interdiction de voyages pour ces personnes et leurs familles, sans oublier le gel de leurs avoirs financiers. Les défenseurs des putschistes rétorquent en mettant en avant le fait que les dirigeants déchus ont bafoué la démocratie, violé les constitutions de leurs pays, pillé les ressources, érigé la corruption et l’injustice sociale en règle de gouvernance.
Ce qui est reproché à la Cedeao, c’est son silence lorsque les populations souffrent, dans leurs ignorances et l’analphabétisme, alors que les dirigeants déchus ne font rien. On commente beaucoup le fait que la Conférence décide de sanctions ciblées contre tous ceux dont les actions impactent négativement sur le calendrier de la transition tel qu’arrêté par les chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao.
La Conférence demeure très préoccupée par la lenteur dans la préparation des élections prévues en République du Mali pour fin février 2022. La Conférence réitère sa demande pour un respect strict du calendrier de la transition devant conduire à la tenue effective des élections dans le délai non négociable de février 2022. A cet effet, la Conférence demande aux autorités de la transition de soumettre au plus tard à la fin du mois d’octobre 2021, le chronogramme devant conduire aux étapes essentielles pour les élections de février 2022.
Seules les réformes nécessaires pour la tenue des élections à la date indiquée devraient être mises en œuvre. Par rapport à ce point, indique une source proche du pouvoir, la Cedeao doit s’assurer de la bonne foi des chefs militaires qui n’ont jamais montré qu’ils ont un agenda politique.
Les autorités maliennes, à chaque occasion, affichent leur volonté de respecter la date échue de la transition en amenant le bateau à bon port. Les mêmes autorités n’ont jamais fait un communiqué officiel pour soutenir ou adhérer à un quelconque mouvement qui manifeste son désir de voire prolonger le délai de la transition. Elles respectent, selon la même source, la liberté de manifestations et d’opinions.
Au plan sécuritaire, la Conférence dénonce fermement la volonté des autorités de la transition d’engager des compagnies de sécurité privées au Mali et est très préoccupée par les conséquences certaines sur la détérioration de la situation sécuritaire au Mali et dans l’ensemble de la région.
Au Mali de crise multidimensionnelle depuis 2012 maintenant aggravée, par la Covid-19 depuis avril 2020, il vaut mieux accélérer la diversification du partenariat, notamment stratégique, avec beaucoup d’autres pays, améliorer et renforcer en même temps ceux existants pour pouvoir s’en sortir rapidement. Le constat est que les jeunes militaires sont conscients du fait que les temps ont changé et que les gouvernants doivent être contemporains de la nouvelle génération.
La Cedeao, en fixant la date de la transition en Guinée à six mois, fait coïncider les élections dans les deux pays en crise politique. On dirait que le protocole de l’organisation est désormais au-dessus des constitutions. Mais le bras de fer est loin d’être fini.
Oumar KONATE
Source : La Preuve