En affirmant sur le plateau d’Africable télévision, le mardi 17 août, que le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) ne dispose d’aucun ministère régalien, Koniba Sidibé, président du parti MODEC et membre du Comité stratégique du M5-RFP, prépare l’esprit du peuple malien quant à un éventuel échec de la transition en cours dans le pays.
« Le M5-RFP (le Mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques) est dans la cogestion. Nous avons certes la Primature mais je rappelle que nous avons 08 ministres dans le gouvernement sans aucun ministère régalien ». Ces propos sont de Koniba Sidibé, président du MODEC et membre du Comité stratégique du M5-RFP qui s’exprimait le mardi 17 août dans la soirée sur le plateau d’Africable Télévision.
Cette sortie de Koniba Sidibé intervient un an après la chute d’IBK et à un moment où on parle de plus en plus de prolongation de la durée de la transition en cours dans le pays. Et de nombreux Maliens doutent de la capacité des tenants du pouvoir à faire sortir le pays du gouffre.
La déclaration de Koniba Sidibé, même si elle est surprenante, traduit son dépit et constitue une façon pour lui de disculper le M5-RFP quant à un éventuel échec de la transition. C’est une manière de dire aux Maliens que le M5-RFP n’avait pas tous les leviers du pouvoir et n’a par conséquent pas eu les moyens de faire bouger les lignes. Car il n’est un secret pour personne que le pays est plongé dans une léthargie une année après la chute d’IBK.
Ce que reconnaît d’ailleurs Koniba Sidibé même s’il scinde opportunément la transition en 02 parties et met l’échec des 09 premiers mois au compte de l’ancien régime. Le fait de dire que le M5-RFP n’a été au pouvoir que les 03 derniers mois n’est pas un argument suffisant.
Les propos du président du MODEC apparaissent à tout point de vue comme un enfumage et une fuite en avant ou à tout le moins une inconséquence. Car les responsables du M5-RFP savaient pertinemment qu’en acceptant la Primature dans un pays dirigé par une junte militaire, qu’ils n’allaient pas avoir tous les leviers du pouvoir pour agir.
Ils ont joué à un jeu (du reste dangereux) et semblent l’avoir perdu. Car si le M5-RFP n’avait pas de ministère régalien, pourquoi le Premier ministre issu de ses rangs a-t-il accepter de diriger ce gouvernement ? Qui a alors mis en place le gouvernement ? Faut-il rappeler à Koniba Sidibé que le décret de nomination du gouvernement est contresigné par le Dr. Choguel K Maïga, un des responsables du comité stratégique du M5-RFP.
À travers de tels propos, Koniba Sidibé donne raison à ceux qui avaient affirmé que le M5-RFP, une fois la primature obtenue, a renié tous ses engagements. Sinon, comment comprendre que le mouvement, à la base de la contestation du régime IBK, a accepté de diriger un gouvernement dont il ne dispose d’aucun portefeuille régalien (Défense, Sécurité, Affaire Etrangère et Economie et Finances). Ils laissent également transparaître toute l’impuissance du M5-RFP qui n’a réussi à avoir que des strapontins dans le gouvernement.
Maintenant que le vin est tiré, il faut le boire, et ce n’est nullement le moment pour Koniba Sidibé et les siens de venir se lamenter. Surtout qu’ils avaient affirmé sur tous les toits avoir les moyens de bâtir un nouveau pays (le Mali koura). Visiblement, les fruits tardent à mûrir et le peuple malien commence à s’impatienter.
Abdrahamane SISSOKO
Source : Le Wagadu