Lorsque la gouvernance n’est pas consensuelle et apaisée, mais secouée de dissensions sociopolitiques, le monde des syndicats s’invitent rapidement dans la danse des…débrayages.
Selon plusieurs analystes politiques, la ligne de démarcation n’est pas souvent bien tracée entre les acteurs politiques et les organisations politiques. C’est ainsi que les frustrations du monde politique suscite régulièrement des états d’âme frondeurs chez les acteurs syndicaux. Et, de la même façon, lorsque la gouvernance est exubérante avec des décisions à fort impact budgétaire, les syndicats n’hésitent pas à caresser le rêve d’une agitation du front social.
C’est ce qui se passe actuellement au Mali, où la gouvernance transitoire peine à assurer une certaine inclusivité pour gérer le pays. C’est ainsi que l’équipe gouvernementale est accusée de ne pas tendre la main aux autres chapelles sociopolitiques pour conduire le pays à l’essentiel, l’organisation des prochaines élections générales. « S’ils veulent refonder le pays, nous allons aussi nous faire entendre », a commenté récemment un syndicaliste.
Ainsi, pour de nombreux syndicats, la transition ne doit pas dépenser son énergie à faire des réformes en profondeur, qui sont souvent budgétivores. Et les syndicats concluent alors que les caisses de l’Etat peuvent supporter des revalorisations de conditions salariales, car, murmurent certains syndicats, « ventre affamé ne pense pas à la refondation ».
C’est pourquoi, malgré les efforts déployés pour calmer les ardeurs des organisations syndicales, nombreux sont ces travailleurs qui s’agitent pour concocter des mouvements de grève. C’est ainsi qu’à titre d’exemple, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont déposé, le lundi 13 décembre 2021, un préavis de grève de 120 heures sur la table du gouvernement de Transition.
Dans leur document de préavis de grève adressé aux autorités, les syndicats signataires du 15 octobre 2016 demandent « l’application immédiate de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale… ». Ce sera alors une démarche assez claire pour perturber encore l’accalmie de l’école. Alors que le gouvernement évoque des difficultés de trésorerie pour inviter les enseignants à calmer leurs ardeurs revendicatives. Le ministre de l’Education réussira-t-il à convaincre ces partenaires de l’école malienne dans le creux de la vague ? L’on peut en douter.
Par ailleurs, des syndicats de certains départements ministériels, des administrateurs et élus locaux, des surveillants de prisons et établissements pénitentiaires, des banques et établissements financiers sont en régulières concertations autour de leurs revendications laissées en sourdine. Il n’est pas exclu que la fièvre des grèves se répande à nouveau dans différents secteurs d’activités du pays. Ce qui peut sérieusement perturber le climat de confiance et de sérénité qui doit prévaloir dans une période de transition se dirigeant vers des élections générales des plus attendues.
C’est donc aux plus hautes autorités de la Transition de prendre le plus tôt possible la mesure réelle de la situation pour aider à décrisper l’atmosphère sociopolitique en vue de réussir le pari de sortir le pays de l’ornière.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net