Grosse chicane entre le CNSP et le M5RFP à propos de la conduite de la Transition. La divergence est apparue précisément à propos des échanges sur l’organisation de la concertation sur la Transition que le CNSP a unilatéralement convoquée, sans associer les autres principalement le M5-RFP.
Pour les militaires qui ont pris le pouvoir, il y a dix (10) jours, le M5-RFP est un regroupement de civils politiques et membres de la société civile comme les autres. Donc, ils sont soit avec les politiciens soit dans le lot de la société civile. Or, pour le M5-RFP, il est le principal acteur de la chute de IBK, c’est qui a fait tout le travail, le CNSP n’a fait que parachever son œuvre. Donc il doit être, lui M5-RFP, l’acteur majeur et privilégié de la transition.
La crise de confiance entre la junte, qui a renversé le président IBK et la contestation regroupée au sein du M5-RFP, commence avant-hier jeudi 27 aout 2020 avec la publication de l’Acte fondamental N° 1 du CNSP.
Dans cet Acte fondamental, les militaires disent que c’est le Chef du CNSP qui est désormais le Chef de l’État (article 32).
Dabs la tradition propre aux périodes des coups d’État, l’Acte fondamental remplace la Constitution que les auteurs du coup d’État prennent soin de suspendre dès leur première déclaration.
Cette tradition n’a pas été respectée dans le cas de nos militaires qui renverser le président IBK. Car pour maquiller le coup d’État, qui est condamnable par et pour tout le monde, ils n’ont pas suspendu la Constitution dans la première déclaration qu’ils ont fait à la télévision nationale aux premières heures du mercredi 19 aout après la démission forcée du président IBK.
Les militaires ont donc attendu 6 jours pour rédiger un Acte fondamental. Neuf (9) jours après l’arrestation du président IBK, c’est-à-dire avant-hier jeudi, ils ont rendu public leur Acte fondamental sans concerter les forces de la Nation encore moins la CEDEAO.
Ce vendredi, lors de la cérémonie d’hommage et de prières aux victimes des émeutes du 11 juillet, organisé au Palais de la Culture, l’autorité morale de la contestation, le très éclairé et très respecté Imam Mahmoud Dicko a tiré la sonnette d’alarme et mis en garde la junte.
Comme si cela ne suffisait pas à entamer la confiance entre partenaires du renversement du régime du président IBK, sans concerter les autres forces vives, la junte publie communiqué pour inviter (mais c’est comme convoquer) les forces vives : partis politiques de tous bords et société civile dans ses diverses composantes au CICB samedi matin pour des échanges sur l’organisation de la Transition.
Pour le M5-RFP, c’est le cassis belli (Kélé Koun). Le M5-RFP, qui le dit ouvertement qu’il refuse d’aller à cette convocation, invite à son tour le CNSP « à une concertation urgente entre les deux forces principales du changement que sont le M5-RFP et le CNSP, comme cela avait été souhaité lors de la rencontre de prise de contact du 26 août 2020 ».
En termes clairs et direct, Issa Kaou Djim, porte la voix du M5-RFP, dans ses diverses composantes, dira aux militaires que la victoire du peuple ne sera pas confisquée.
La junte au pouvoir critiquée et dénoncée de toutes parts, et sous la pression forte de la CEDEAO qui maintient ses sanctions et lance un ultimatum recule.
Après l’annonce de boycott du M5-RFP et de plusieurs acteurs politiques et de la société civile annonce le report de la concertation sur la transition qu’elle avait prévu de tenir ce samedi matin 29 août 2020. Ce jour,plusieurs organisations de la société civile, des partis politiques, des groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconcilation nationale avaient pris d’assaut la salle de réunion du CICB. Alors que tout le monde attend le début des échanges, le report de la rencontre a été annoncé sans plus de précision.
Dans la salle des responsables et acteurs qui étaient dans la salle stupéfaits. Certains n’ont hésité à éclater leur colère. «Il faut qu’ils nous prennent au sérieux. On ne peut pas nous inviter et se foutre de nous. On n’est pas d’accord. Il faut qu’il nous respecte», declarait une participante.
De même, le président du parti RDS, Younouss Dicko a déclaré que c’est désagreble de les faire attendre, déplacer pour rien. « Il est necessaire d’organiser l’événement de manière plus reflechie, de manière qu’on ne perd pas beaucoup de temps. C’est un désagrement pour nous, mais tout ce qui est bon pour le Mali, nous allons le faire», a déclaré le responsable politique.
La Junte explique que c’est pour “des raisons d’ordre organisationnel”… Mais en vérité, c’est la pression du M5-RFP et le manque de soutien des autres acteurs. Il s’agit clairement d’un échec d’envergure pour les militaires puisqu’aucune nouvelle date n’est donnée pour cette rencontre.
La Junte va-t-elle tirer des leçons de sa démarche solitaire ?
Une rencontre est prévue actuelle à 20 heures entre le CNSP et le M5-RFP à Kati pour aplanir les divergences.
Par Sikou BAH
Source : Info-Matin