Tribune: Le RN, ennemi de l’Afrique et des panafricanistes

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Collectif
En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale après sa défaite aux élections européennes, Emmanuel Macron a fait de l’arrivée de l’extrême droite à Matignon non pas une hypothèse pour le printemps 2027, mais un sérieux risque pour le début de l’été 2024. À l’instar d’une frange de la population française qui estime que le moment de « tester » les recettes du Rassemblement national (RN) est arrivé, certains militants « panafricanistes » ethnocentrés proclament que cet événement est de nature à renouveler les relations entre la France et l’Afrique. Il faut méconnaître la nature, l’histoire et l’idéologie de l’extrême droite européenne pour abonder dans ce sens.
Le socle idéologique de l’extrême droite a évolué. À la hiérarchie raciale et l’antisémitisme s’ajoutent l’islamophobie, la théorie du « grand remplacement », la « guerre des civilisations », etc. Le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella est l’héritier des organisations et des groupes paramilitaires qui s’opposaient aux mouvements nationalistes africains – ceux qui ont soutenu le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Les aventures coloniales et les luttes des peuples africains pour les indépendances nourrissent son idéologie. Des membres de l’OAS, Occident et Ordre nouveau, que l’on retrouvera plus tard dans l’encadrement et le service d’ordre du Front national-Rassemblement national, ont été mercenaires au Biafra, au Katanga, aux Comores… Vincent Bolloré, qui règne sur un empire médiatique où les thèses d’extrême droite occupent en permanence les antennes, doit sa puissance au continent africain, notamment aux « débris du capitalisme colonial français » sur lesquels il a fait main basse au début des années 1980.
La dynastie Le Pen fait de l’Afrique et de certains de ses chefs d’État des sources de financement. Marine Le Pen, tout en critiquant la Françafrique, y cultive des réseaux. En 2017, elle a été reçue par feu l’autocrate Idriss Déby. En janvier 2023, elle est allée au Sénégal pour y rencontrer un Macky Sall en pleine dérive dictatoriale. Comme en France, madame Le Pen signale à gauche mais tourne toujours à l’extrême droite. Elle promet des ruptures en matière de politique africaine de la France, tout en votant pour le maintien des instruments de la politique impérialiste française (opérations militaires, franc CFA/Eco, francophonie franco-centrée…). Elle veut bloquer les transferts d’argent des travailleurs immigrés à leur famille. En 2022, elle a obtenu d’Emmanuel Macron l’interruption de l’aide publique au développement au Mali.
Les progressistes africains doivent déconstruire le discours de l’extrême droite. Le RN est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France en Afrique. Les panafricanistes de gauche seront des cibles privilégiées d’une guerre renouvelée contre les aspirations de souveraineté des sociétés et de la jeunesse africaine.

Les signataires :
Oumar Dia, Pastef, Sénégal, Michel Gbagbo, député, Côte d’Ivoire, Mohamed Lamine Ly, Dooleel PIT-Sénégal, Salomé Meiers-Naem, militante panafricaniste, Côte d’Ivoire, Mouhamed Abdallah Ly, Pastef, Sénégal, Issa N’Diaye, Forum civique, Mali, Félix Atchadé, collectif Afrique PCF

 

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