Trois jours après sa libération au forceps, le commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, est retourné en détention, ce lundi 6 septembre 2021 au camp 1 de la gendarmerie. Selon des sources sécuritaires, le retour en prison du commandant de la Forsat est intervenu suite à des discussions entre le ministère de la sécurité et les syndicats de la police.
Le commandant de la Force Spéciale Anti-Terroriste (FORSAT), Oumar Samaké, dort en détention. Il s’est rendu hier matin au camp 1 de la gendarmerie de Bamako après des négociations entre le ministère de la sécurité et la synergie des syndicats de la police, selon nos sources.
Le Commissaire divisionnaire de la police, Oumar Samaké, commandant de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), mis sous mandat de dépôt dans la matinée du vendredi 3 septembre 2021 dans l’affaire dite des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako (14 manifestants, dont deux enfants, ont été tués à Bamako par les forces de l’ordre au cours de ces journées de manifestation), a été libéré quelques heures plus tard, sous la pression des policiers. Arrêté par le juge Dembo Macina du cabinet d’instruction du tribunal de Grande Instance de la commune III de Bamako, l’ancien commandant de la Force Spéciale antiterroriste «FORSAT», avait été déféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Il a été libéré, quelques heures plus tard, par des policiers en colère et armés qui ont pris d’assaut la Maison d’arrêt de Bamako après son arrestation. Selon le sergent de police, Boubacar Arama, porte-parole de la synergie des syndicats de la police, la libération du Commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, est une démonstration de force. « Cette démonstration de force était nécessaire, légitime et motivée. Il fallait une véritable démonstration de force. Trop, c’est trop ! La police a vraiment subi ces derniers temps. Nous sommes restés observateurs de la loi. On ne va plus l’accepter. À l’heure actuelle, la situation pour laquelle nous nous sommes rassemblés est d’ores et déjà réglée. Nous sommes les acteurs de la sécurité, c’est la police qui protège les institutions de l’État », a soutenu le porte-parole de la police, Boubacar Arama.
Tollé d’indignation
La libération du commandant sous la pression des policiers, quelques heures après son incarcération, le vendredi 3 septembre dernier, a soulevé un tollé d’indignation au Mali. L’acte a été qualifié de « rébellion », de « chantage » et d’ « intimidation » par des syndicats des magistrats du Mali. Le barreau malien a demandé l’exécution immédiate du mandat de dépôt délivré par le juge et l’application diligente des mesures disciplinaires contre tous les agents impliqués dans les faits. Et pour l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), c’est une atteinte grave à la Démocratie et à l’État de droit au Mali. Elle a demandé aux « plus hautes autorités à s’assumer. » L’AMDH a, fustigé « cette obstruction au travail de la Justice par des agents chargés de l’application de la loi et les encourage à la retenue et au respect des règles de la déontologie et des principes républicains. » « L’AMDH s’étonne de l’attitude des plus hautes autorités face à la situation et les exhorte à prendre des mesures à la hauteur de la situation en restaurant la décision de la justice et en prenant des sanctions exemplaires contre des personnes impliquées», précise-t-elle. La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) aussi a exprimé sa « préoccupation face aux incidents attentatoires au droit à la sécurité des populations, à l’indépendance de la Justice, ayant conduit à l’évasion et à la complicité d’évasion, dans des conditions restant à élucider, entre autres, commises par un détenu, de surcroît Agent d’application de la loi et certains de ses camarades de corporation devant la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako. »
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain