Le thème « Défi de la circulation des personnes et des biens dans un espace communautaire sécurisé » est au centre d’un débat scientifique d’un forum organisé par la commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest africaine (UEMOA) Ouagadougou, du 7au 8 octobre.
Plusieurs universitaires dont le Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, Dr Alionne Sall, les syndicats des transporteurs, des forces de sécurité, des étudiants, de la société civile ainsi que des diplomates ont pris part aux travaux du Forum scientifique du 25ème anniversaire de l’UEMOA sur la libre circulation des personnes et des biens.
Faible taux d’échanges commerciaux
Dans cette optique, Dr Alionne Sall a rappelé que l’intégration économique en Afrique a été l’apanage des pères de l’indépendance. Et de poursuivre que malgré la création d’un marché commun basé sur la libre circulation des personnes et des biens, les échanges commerciaux constituent seulement 11,6%. Un taux nettement inférieur à l’objectif de 25% fixé par le programme régional des échanges commerciaux dans l’espace UEMOA. Les principales raisons de cette faiblesse trouvent leur origine « dans les nombreux contrôles sur les corridors, les prélèvements illicites sur les axes routiers, les longs délais pour le transport des marchandises, les distorsions en matière de concurrence, les difficultés pour certaines entreprises à accéder aux marchés de certains pays de l’Union ».
Selon Dr Alionne Sall, un camion empruntant le corridor Dakar-Bissau est contrôlé 38 fois, 27 fois sur le corridor Ouaga-Lomé et 26 fois sur celui de Bamako-Dakar. D’après lui, ces perceptions illicites par camion et par voyage s’élevaient, en 2017, en moyenne à 41 245FCFA engendrant ainsi un surcoût qui entrave le développement des échanges communautaires. Pour y mettre fin, l’universitaire demande d’instaurer un contrôle rigoureux au niveau des frontières et sur les grands axes routiers.
Néanmoins, l’espace UEMOA a enregistré des progrès dans divers domaines, notamment au niveau institutionnel, par l’opérationnalisation du traité de janvier 1994, l’harmonisation des législations, des statistiques des finances publiques et des fiscalités. S’ajoutent aussi à l’application du Tarif Extérieur commun (TEC), la mise en place d’une Bourse régionale des valeurs mobilières à Abidjan et des politiques sectorielles communes en énergie, et dans le domaine minier, agricole, etc.
Toujours selon Dr Alionne Sall, le chemin de l’intégration régionale est encore confronté à de multiples défis relatifs à la gouvernance sécuritaire. En effet, de nombreux pays de la zone sont confrontés au terrorisme, l’extrémisme violent, les conflits communautaires. Au-delà de tout, l’Union fait face à une gouvernance politique à améliorer. « Aucun pays de la zone n’échappe à la contestation des processus et les résultats électoraux », a-t-il déclaré. Le développement des infrastructures, qui conditionne les échanges commerciaux, et la perspective de l’intégration dans la zone UEMOA la monnaie « Eco » sont autant de défis que les pays de la zone CFA doivent relever pour booster la libre circulation des personnes et des biens.
Pour répondre à tous ces défis susmentionnés, la première journée du forum scientifique a été marquée par l’animation de deux panels par des universitaires, d’anciens Premiers ministres et Présidents. Il s’agit de l’accélération des réformes communautaires portant sur la libre circulation des personnes et du droit d’établissement et l’action novatrice pour une liberté effective de circulation des personnes et d’établissement ainsi qu’un plaidoyer du Directeur de publication de la chaîne Africable, notre confrère Sékou Tangara, en faveur de la libre circulation des personnes et des biens.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb