Un bien d’un mal

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Un bien d’un mal

Bravant les prévisions apocalyptiques impudemment prescrites sur un tableau d’argile, le continent africain résiste couci-couça à la pandémie de Covid-19 sous la prodigalité des rayons ardents que son soleil de midi répand.

Si l’on peut impunément imputer cette résistance beaucoup plus à son climat hostile qu’aux prouesses des industries pharmaceutiques, il faut reconnaître à la décharge des tradi-thérapeutes africains l’engagement ferme de trouver un traitement à ce mal qui décime. Dans leur quête sporadique de potion, ces chercheurs ont reçu plus d’épines que de fleurs venant parfois de leur propre population, traduisant un regrettable manque de crédibilité à nos savants.

C’est ainsi que l’Apivirine du Dr Valentin Agon du Bénin s’étouffe dans l’œuf ; l’écho de « Dableni » du Professeur Babou Niang du Mali résonne comme un tam-tam d’aisselle crevé.

Pire, le Covid Organics mis au point par Madagascar provoque une irritation chronique dans les bureaux luxueux à Pregny-Chambésy.

L’autorité sanitaire mondiale déconseille et interdit ce traitement pour des raisons que seuls ses membres haut perchés peuvent percer le secret. Peut- être attache-t-elle trop de prix à la survie de ses cobayes pour les laisser siroter une décoction pour potion. Qui sait ?

Ce qui s’annonce mirifique avec cette crise sanitaire qui a profondément bouleversé les sociétés et leurs institutions, est qu’elle jalonne les fondements de l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial, celui instauré après la crise pétrolière consécutive à la quatrième guerre Israélo-Palestinienne en 1973 étant fortement ébranlé. D’ailleurs, l’instauration d’un nouvel Ordre dans un nouveau monde est une question d’éthique et une aspiration profonde de la nouvelle génération africaine.

C’est pourquoi, à la veille de l’inéluctable remaniement de l’ordre ancien et fondamentalement injuste, les Etats africains devraient plaider pour une souveraineté réelle. Une souveraineté qui leur permettrait de choisir librement leur système économique et social, c’est-à-dire le droit pour chacun de choisir son modèle de développement, son mode de participation au commerce international et la liberté de participer à toute forme de coopération qui lui conviendrait.

A la prochaine conférence de Bretton Woods (allusion faite à la conférence qui a dessiné les grandes lignes du système financier international en 1944), l’Afrique exigera d’être au tour de la table afin de rappeler que le principe d’égalité demeure une constante de l’ordre juridique international et pour revendiquer l’application d’un même statut juridique à tous les Etats sans tenir compte des inégalités économiques. Si l’un des aboutissements de la pandémie de Covid-19 constituait l’avènement d’un nouvel ordre mondial « plus humain » en éliminant les disparités afin d’assurer la prospérité pour tous, alors, de ce mal bizarre naîtrait un bien précieux.

Ibrahima Dit Facoma KEITA, Juriste ; Spécialiste en Gestion de Projets

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