La guéguerre au sommet du parti de feu Soumaïla Cissé a atteint son paroxysme. Lors d’un point de presse, le vendredi dernier, plusieurs présidents de fédérations, visiblement proches de Dr. Boubou Cissé, ont décrié la présidence du Pr. Salikou Sanogo en brandissant des menaces.
Plus les prochaines élections générales se rapprochent plus le fossé se creuse entre les héritiers de feu l’honorable Soumaïla Cissé. Ce parti qu’était réputé le mieux organisé, structuré, envié de tous malgré ces huit dernières années passées dans l’opposition n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le décès brutal de son fondateur en décembre 2020. Aujourd’hui, place est à la guerre des tendances. C’est dans ce cadre que sept présidents de fédérations sur les neuf que compte le parti de la poignée de mains étaient face à la presse, le vendredi dernier, pour dénoncer certaines pratiques dans le bureau exécutif national. Au nombre de ces présidents, il faut retenir Mohamed Ould Fall (Tombouctou), Amadou Djadjiri Cissé (Mopti), Modibio Camara Koulikoro, l’honorable Gouagnon Coulibaly, le président de la jeunesse Abdrahamane Diarra et d’autres.
Dans une déclaration commune, ces hauts cadres de l’URD soutiennent que « le parti traverse une crise de mauvaise gouvernance de la direction actuelle exacerbée par la précampagne électorale orchestrée par certaines personnes mal intentionnées qui veulent détruire notre parti ». Au cœur de cette crise, le président intérimaire, Pr Salikou Sanogo, qu’ils accusent d’avoir unilatéralement annoncé la mise en place d’une commission de réflexion et d’orientation stratégique pour l’URD. Face à ce qu’ils appellent une situation préjudiciable, les signataires de cette déclaration indiquent qu’ils ont décidé de prendre le « taureau par les cornes » en faisant deux propositions. L’une sur la mise en place d’une plateforme politique devant permettre d’élaborer sereinement les prochaines échéances électorales. Et l’autre sur l’organisation d’une conférence nationale extraordinaire dans laquelle résultera le remembrement du BEN, la gestion des nouvelles adhésions et les démissions survenues dans l’année 2021.
Ils poursuivent que leur demande est restée lettre morte les obligeant à recourir à une pétition pour obtenir la tenue de ces assises. Face à cette pression, ajoutent-ils, le 1er vice-président a convoqué une réunion en fin août 2021 durant laquelle il a annoncé une conférence nationale ordinaire le 23 octobre 2021 avec l’ordre du jour lancement de l’appel à la candidature de la candidature de l’URD à la présidentielle de 2022. « Plusieurs intervenants ont demandé son report en attendant les résultats de la commission technique chargée de préciser le « modus operandi » de la sélection du candidat de l’URD à l’élection présidentielle », indique la déclaration. Bien que certains aient émis des réserves par rapport à ce point, les contestataires du Pr. Salikou Sanogo se disent surpris de constater qu’une lettre d’appel à la candidature a été adressée à toutes les sections du parti. Ils craignent que cette situation ne provoque un risque d’éclatement du parti.
« Risques d’implosion de l’URD »
Ainsi, ces présidents de fédérations ont évoqué deux exigences de l’actuel BEN. La première est relative à la mise en place « d’une commission technique » dont les missions, la composition, les démarches et les recommandations seront validées par tous. La seconde concerne le maintien des assises prévues le 23 octobre 2021 avec un ordre de jour statutaire : sur l’adoption du rapport d’activités du BEN, le remembrement du BEN et la relecture des textes. Le président du mouvement des jeunes du parti Abdrahamane Diarra, est apparu très critique à l’endroit des responsables de la cellule de communication. « Mais toute cette polémique autour de la vie de l’URD est due au fait que ceux qui ont en charge de gérer la communication de l’URD ont préféré se lancer dans les combats d’intérêts personnels à eux, et ce, au détriment de ce que les militants de l’URD leur ont confié comme responsabilité », a indexé ce jeune cadre de l’URD.
Aujourd’hui, la cellule de communication est dirigée par Me Demba Traoré, qui a proclamé la semaine dernière devant plusieurs délégués des sections des régions de Kayes, Kita et Nioro sa candidature à la présidentielle 2022 pour l’URD. Cet avocat qui revendique l’héritage politique de feu Soumaïla Cissé est opposé aujourd’hui aux auteurs de cette déclaration proche à Dr. Boubou Cissé. Ce dernier qui a rejoint l’URD il y a seulement quelques mois ne cache plus ses ambitions pour être le candidat de l’URD à la prochaine présidentielle. Et, selon des sources crédibles, sa candidature est portée par ses présidents de fédérations et le président des jeunes signataires de cette déclaration. Ce qui annonce de belles empoignades entre les héritiers de feu l’honorable Soumaïla Cissé le 23 octobre prochain. D’ores et déjà, des analystes politiques prédisent « une implosion du parti » en cas d’absence de consensus.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net