Depuis plusieurs mois les tensions s’accumulent au sein du parti. L’arrivée du nouvel adhérent, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, semble être le catalyseur fatal pouvant entraîner l’implosion et ceci à cause de son présumé rôle clé dans la répression sauvage des manifestations contre le régime d’IBK.
« Scission », le terme n’est désormais plus tabou à l’Union pour la République et la démocratie (URD). L’organisation révolutionnaire connaît une crise sans précédent de son histoire. Une tendance pousse, au moyen de pétition, à la convocation d’une conférence nationale extraordinaire. Ces tensions internes font suite à l’arrivée en son sein de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Les premières escarmouches qui ont épicé l’actualité peu après – notamment la vague de protestations élevées par la frange jeune devant le siège – ne sont pas des accidents de parcours. Elles sont plutôt les manifestations de tendances lourdes qui, en s’accélérant, menacent de provoquer l’implosion de ce grand parti. Qui a toujours vécu un débat interne entre durs et modérés. Parce que l’adhésion de Boubou Cissé reste à travers les gorges, deux courants s’affrontent. Ceux qui voient en lui le nouveau messie après la perte cruelle du fondateur Soumaïla Cissé et ceux qui le jugent persona non grata en raison de son présumé rôle dans la répression sauvage des manifestations de l’opposition contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le réalisme politique aurait voulu que l’establishment de l’URD entendît les résistances développées. Mais il s’est enferré dans sa logique, réussissant ainsi à agacer des citoyens et à enrager nombreux militants. Et comme il y a une chance sur deux que la candidature de l’ancien Premier ministre soit retenue, les déçus ne restent pas les bras croisés.
Foncer et forcer le jeu
Dans un communiqué publié lundi, le Pr Salikou Sanogo, président par intérim de la formation politique lève un coin de voile sur une tectonique des plaques où la somme des contradictions semble avoir atteint un seuil critique.« Il me revient que certains de nos camarades ont entrepris par voie d’huissier pour la signature d’une pétition aux fins de l’organisation d’une Conférence Nationale extraordinaire de notre parti » a-t-il noté. Loisible d’en déduire une situation interne où le collectif n’existe plus : des comités désertés au profit de réunions de factions, des décisions sans cesse remises en cause. Dans ce contexte très menaçant, presque critique, les comportements suicidaires sont le vent en poupe :ceux qui veulent foncer et forcer le jeu dans un quitte ou double de canal historique, et ceux qui préfèrent une approche de poignée de mains, quitte à heurter quelques susceptibilités.
La question principale est celle-ci : le fonctionnement du l’URD est-il aussi démocratique que l’affirment ses dirigeants, et que le souhaiteraient ses membres ? La question implique d’observer et d’analyser minutieusement l’antagonisme entre ces tendances contradictoires. Une période de conférence nationale est un moment quasi idéal où cette tension interne s’exprime avec une force toute particulière.
Le bureau exécutif, organe dirigeant du parti pourra-t-il empêcher le mouvement impulsé de se poursuivre?« Je voudrais attirer l’attention de tous et de toutes sur les dangers que comporte une telle démarche pour notre parti. A l’occasion de la tenue de nos instances, des décisions idoines ont toujours été prises en toute responsabilité par le BEN en fonction du contexte et des enjeux du moment. Pour la sauvegarde de la cohésion et l’unité de notre parti, j’exhorte les initiateurs de cette action à y mettre fin immédiatement…Notre parti est aujourd’hui perçu comme celui autour duquel pourra se construire la dynamique qui sortira notre pays de cette crise dans laquelle nous vivons depuis si longtemps… Ce n’est donc pas le moment de s’offrir en spectacle. Ensemble, unis, nous réussirons ».A un tel point on en vient à se demander si ce parti, après avoir marqué la vie politique malienne pendant plusieurs décennies, n’est pas en train de se désintégrer sous nos yeux. Ce scénario est maintenant devenu chose possible.
Georges François Traoré
Source : L’Informateur