Dans son adresse à la nation d’hier dimanche 14 juin, le président de la République a affiché une volonté minimale d’apaisement.
« J’ai entendu les colères et les cris. J’ai entendu les revendications et les interpellations », a indiqué IBK. Sauf que le chef de l’Etat n’a ébauché aucune proposition concrète pour sortir de la crise de contestation dont il fait l’objet.
Vigoureusement contesté, sa démission bruyamment exigée par une partie non négligeable des forces vives du pays, IBK peut-il former le nouveau gouvernement comme si rien ne s’était passé le 5 juin dernier ? Il promet d’instruire la prochaine équipe gouvernementale à faire diligence pour atteindre des résultats, notamment par rapport à la crise scolaire et la crise sanitaire.
Le contexte de la formation d’un nouveau gouvernement doit être aujourd’hui une véritable bouée de sauvetage du président de la République. IBK a-t-il la baraka ? Rien n’est moins sûr. Les milliers de contestataires, qui ont défié son pouvoir à la place de l’Indépendance, dans un grand rassemblement, le 5 juin dernier, ne semblent pas renoncer à leur principale exigence : « sa démission ». Même si l’imam Mahmoud Dicko (avec des contacts et appels à la retenue) semble baisser un peu le ton concernant cette volonté de renverser le régime IBK, les autres leaders participants à cette fronde ne démordent point. Dr Choguel Maïga, Cheick Oumar Sissoko, Me Mountaga Tall, Konimba Sidibé, Me Mohamed Ali Bathily, Pr Salikou Sanogo, Nouhoum Sarr, Général Moussa Sinko Coulibaly, Dr Oumar Mariko, Pr Clément Dembélé, etc et leurs formations politiques respectives sont sur le pied de guerre et tiennent à bouter dehors le chef de l’Etat, dont le mandat constitutionnel ne s’achève qu’en 2023. Or, le mouvement contestataire ainsi créé, le M5-RFP a le vent en poupe et enregistre des adhésions et suscite de la sympathie en vue de pousser le chef de l’Etat à quitter le palais présidentiel de Koulouba. Ses tenants prévoient du reste une nouvelle manifestation (plus pressante sur cette exigence) dans les prochains jours.
Tout ce contexte défavorable au chef de l’Etat doit l’interpeller à tenir compte de ce « je veux que IBK écoute son peuple » lancé la semaine dernière par l’imam Mahmoud Dicko. Comment peut se traduire cette écoute ?
Le gouvernement doit être un levier sur lequel IBK doit fonder sa démarche en vue de désamorcer cette fronde déstabilisatrice pour son pouvoir. Et plus d’un a été surpris de la reconduction du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, même si le départ de ce dernier n’avait pas été exigé par les manifestants du 5 juin.
Pour donc casser la dynamique insurrectionnelle en vue, IBK doit aller vers un gouvernement de large ouverture. Comme cela est d’ailleurs réclamé même dans les rangs de ses alliés politiques de la majorité présidentielle. Des partis comme l’UDD, le MIRIA et d’autres sont dans cette sollicitation.
Le locataire de Koulouba doit donc tendre la perche à ses adversaires du moment de siéger dans la nouvelle équipe gouvernementale. Faire appel à des cadres des entités comme la CMAS de Mahmoud Dicko, le FSD de Choguel Kokalla Maïga et l’EMK de Cheick Oumar Sissoko sera une démarche d’apaisement. Cela aidera à ouvrir un dialogue politique pour un consensus salvateur de sortie de cette nouvelle crise politique. D’autres mesures comme la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la Cour constitutionnelle, qui focalise l’attention, peuvent être examinées dans ce cadre de dialogue. Et ces démarches pourront aider le chef de l’Etat à sauver son fauteuil. Refuser à un processus d’ouverture politique et former un gouvernement non représentatif comme le sortant peut exacerber la colère populaire. Ce qui peut conduire à aggraver la crise dans le pays.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net