Là où l’État est absent, les groupes djihadistes contrôlent certaines zones en introduisant de nouvelles règles et institutions, souvent violentes, pour régler les différends et l’accès aux principales ressources naturelles. Les groupes djihadistes ont réussi à négocier des accords de paix locaux par le biais d’une oppression violente. Si l’État doit reprendre le contrôle des zones contrôlées par les djihadistes, il faut un nouveau contrat social entre l’État et ses populations locales qui s’attaquent aux griefs sociaux, économiques et politiques existants. Pour se protéger des djihadistes, de nombreuses communautés dogon et bambara ont créé des milices d’autodéfense telles que la milice Dan Na Ambassagou (« les chasseurs qui se confient à Dieu ») qui a déclaré la guerre aux djihadistes.
Les djihadistes contrôlent une grande partie du cercle de Niono. Depuis près de trois ans, de violents affrontements et l’oppression économique ont provoqué de graves pénuries alimentaires. Les djihadistes ont entouré les champs et menacé de les attaquer s’ils y entraient, et ont mis en place des barrages routiers pour empêcher les villages d’accéder aux réserves alimentaires.
La crise du cercle de Niono est une extension de l’insécurité qui sévit dans le nord du Mali depuis 2012. Après avoir été chassés par les interventions antiterroristes françaises et de stabilisation de l’ONU à Kidal, Gao et Tombouctou en 2013-14, des groupes armés ont envahi diverses localités de Mopti, puis de Ségou. Les attaques comprennent l’extorsion, le pillage, la destruction par le feu de huttes, de graineries et de villages, ainsi que le pillage et l’abattage du bétail. L’interruption de la production agricole, qui dure depuis des ans, provoque des déplacements de population et une insécurité alimentaire. Les villages de Farabougou, Tientienbougou, Dongali et Boh sont sous embargo. Parce qu’ils ont refusé de se plier aux exigences du style « pas de musique, pas de célébration de mariage, pas de chasseurs, pas de collaboration avec les forces de sécurité »sans compter le paiement de la zakat. Ceux qui acceptent ces exigences verront leur bétail restitué et leurs champs ne seront pas incendiés.
Le Haut conseil islamique du Mali est retourné jeudi à Niono pour jouer les médiateurs après une première expérience soldée par un accord rompu quelques mois plus tard par les jihadistes, ouvrant la porte à la reprise des affrontements et occasionnant, des enlèvements de bétail, des populations déplacées, la fermeture du marché à bétail de Niono.
La Rédaction
Source : L’Informateur