Le Dr Soungalo Diakité est un spécialiste en hygiène épidémiologie. Il est aujourd’hui responsable de la surveillance épidémiologique du programme élargi de vaccination et système d’information sanitaire (SE/SIS/PEV) et point Focal One Healht à la DRS de Sikasso. Dans un entretien qu’il nous a accordé, hier mardi 24 mars 2020, le Dr Soungalo Diakité donne des éclaircissements sur le coronavirus, la pandémie qui bouleverse, aujourd’hui, le monde.
Le Républicain : Dr Diakité, en tant que spécialiste en Hygiène-épidémiologie, à la direction régionale de la santé de Sikasso, pouvez vous expliquer à nos lecteurs cette maladie?
Permettez-moi de vous remercier de m’avoir donné la parole pour donner des explications sur la maladie aux lecteurs. Bien sûr, que la maladie à coronavirus est une infection respiratoire émergente fortement contagieuse qui se transmet par des gouttelettes après avoir toussé ou éternué. Les symptômes commencent entre 7 et 14 jours après avoir contracté le virus dans l’organisme par une grippe avec toux sèche, fièvre, difficulté respiratoire, fatigue, maux de gorge et douleurs musculaires ou articulaires jusqu’à aggravation de ces signes et symptômes causant la mort.
Pour le moment il n’y a pas un traitement spécifique, sinon symptomatique mais les recherches thérapeutiques qui sont en cours sont en bonne voie.
Pour éviter la maladie, les mesures de prévention telles que le lavage des mains, le confinement des personnes malades, l’utilisation des caches nez dans les milieux hospitaliers et la restriction des mouvements en grand public paraissent efficaces.
Au niveau de la région de Sikasso, quelles sont les mesures qui ont été prises?
A Sikasso, des importantes dispositions ont été mises en place telles que l’activation des cordons sanitaires dans toutes les frontières avec le contrôle systématique de la température et les signes respiratoires chez tous les passagers, une salle de confinement des personnes suspectées dans les districts sanitaires(les csref) et même dans les aires de santé frontalières et au niveau de l’hôpital. Aussi, des équipes d’interventions rapides sont en alerte dans tous les districts sanitaires et des messages de sensibilisation passent dans les radios locales sur le coronavirus en différentes langues parlées dans la région.
-Quel est le dispositif mis en place pour le test dans une zone vulnérable à cause de la grande mobilité des personnes qui passent surtout par la voie terrestre?
Les cordons frontaliers sont actifs pour le contrôle de la température des passagers avec thermoflash et un local est préparé aux niveaux des aires de santé pour s’occuper des cas suspects. Presque tous les centres de référence (csref) ont déjà préparé des locaux en cas d’un éventuel cas confirmé et bien vrai que les tests ne se font pas dans la région, nous faisons les prélèvements des échantillons en sécurité et qui sont acheminés en triple emballage dans les laboratoires de référence à Bamako. Non, pas en tant que tel. Mais il y a des salles adaptées pour le traitement des cas par les infectiologues de l’hôpital et aussi dans les dix centres de références
Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés au niveau de Sikasso?
Les tests diagnostiques ne se font pas dans la région à cause d’insuffisance de bavettes pour se protéger et il y a un déficit de respiratoire. Seulement, un seul est à l’hôpital et les districts sanitaires n’en disposent pas. Aussi, la prise en charge des agents sanitaires des cordons est insuffisante. La région devrait être en mesure de diagnostiquer et traiter cette maladie mais le plateau technique est très limité aussi bien en matériel qu’en personnel.
Quels conseils avez-vous à donner aux populations pendant cette période?
Pour le moment, la population doit être sereine et calme et ne pas paniquer et savoir que nous sommes en phase d’alerte. Pour le moment, tous les cas testés sont négatifs. Mais il faut que les personnes fassent du lavage des mains une habitude et chaque fois qu’ils pensent à laver leur main, de la laver avec du savon et de l’eau ; porter des caches nez dans les véhicules de transport commun ; éviter les lieux de regroupement des personnes ; éviter les contacts avec les personnes ayant des symptômes grippales, taper la bouche en toussant par le coude ; être hygiénique individuellement et sur le plan collectif ; éviter les déplacements inutiles dans les lieux à haut risque, tels que les marchés, les lieux de cultes, les stades, les marches des grévistes et aussi les campagnes électorales en masse. En cas de signes et symptômes, les gens peuvent appeler le numéro vert 36061.
Sachant que le pays n’a pas un système de santé robuste avec une population multiculturelle et souvent des coutumes inappropriées en matière d’hygiène, alors la maitrise devient compliquée en cas si la pandémie sévissait au Mali.
Mais, il faut comprendre que plusieurs facteurs influent sur la survenue d’une maladie. Alors, si nous parvenons à réduire ses facteurs favorisants tels que la propagation et la transmission de la maladie avec des gestes simples et disciplinaires, il serait possible de la stopper.
Propos recueillis par Fakara Faïnké
Source : Le Républicain