Iran: Internet coupé à la veille d’un hommage aux victimes de la répression

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En novembre dernier, les autorités iraniennes avaient coupé internet dans l’ensemble du pays pendant plusieurs jours pour contrôler les manifestations de protestation
En novembre dernier, les autorités iraniennes avaient coupé internet dans l’ensemble du pays pendant plusieurs jours pour contrôler les manifestations de protestation

Les autorités iraniennes ont pris une série de mesures pour éviter de nouvelles violences alors que certaines familles veulent rendre hommage à leurs proches morts durant les manifestations contre la hausse de l’essence. Ils ont notamment décidé de couper internet dans certaines provinces.

L’agence de presse Ilna, proche des milieux réformateurs, a donné l’information : internet a été fortement restreint et même coupé dans certaines provinces iraniennes. Mais cette coupure concerne seulement l’accès au réseau international et non national, rapporte Ilna. Les responsables du ministère des Télécommunications ont ensuite démenti ces informations.

Des appels et des vidéos ont été mis en ligne par certaines familles des victimes des manifestations de novembre pour appeler les Iraniens à participer à des rassemblements pour commémorer leurs mémoires, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.

En novembre, les autorités avaient coupé Internet dans l’ensemble du pays pendant plusieurs jours pour contrôler les manifestations de protestation. Le pays était plongé dans ce qui est qualifié de « black-out d’internet ». À l’époque, plus de 700 banques ainsi que plus d’une centaine de bâtiments publics et de centres commerciaux avaient été incendiés.

Selon la spécialiste de l’Iran Azadeh Kian, Téhéran redoute une résurgence de la contestation. « Couper Internet est d’une part, une façon d’empêcher les Iraniens contestataires de se connecter, d’être en rapport les uns avec les autres. Et de l’autre, de gagner du temps pour réfléchir à la manière de réprimer les populations contestataires. »

« Selon les traditions iraniennes, les Iraniens commémorent le 40e jour du décès des personnes. Or le 15 novembre, les émeutes urbaines ont commencé pour protester contre les politiques sociales et économiques du régime islamiste d’Iran. Et plusieurs centaines de personnes ont été tués. Leurs familles s’apprêtaient donc à commémorer le 40e jour de l’assassinat de ces personnes. »

Azadeh Kian, sociologue spécialiste de l’Iran25/12/2019 

Le gouvernement avait utilisé la manière forte pour reprendre la situation en main. Les autorités ont démenti les chiffres de plusieurs centaines de morts, publiés notamment par Amnesty International, en affirmant que le nombre des victimes était bien en deçà de ces chiffres. Sur tout le mois de novembre, 1 500 personnes auraient été tuées lors des manifestations en Iran selon l’agence Reuters.

Malgré la répression sanglante, Téhéran parvient finalement à étouffer la mobilisation. Mais la colère populaire est toujours vive. Les revendications de la rue, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales n’ont pas été entendues. Les autorités iraniennes en sont parfaitement conscientes. La moindre étincelle pourrait relancer la contestation, d’où cette coupure préventive d’internet.

Les membres des familles de plusieurs victimes de l’époque, qui ont appelé à des rassemblements, ont également été arrêtés par le pouvoir. Ils sont accusés de participer à des projets contre-révolutionnaires, selon l’agence Mehr, proche des conservateurs.

« Toutes les raisons qui ont mené plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’Iraniens à descendre dans la rue, dans beaucoup de villes du pays, sont toujours là. D’autant que les personnes sont de plus en plus en colère aussi de la façon dont cette crise a été gérée par l’État, dans la mesure où on sait que les forces de l’ordre avaient reçu l’ordre de tirer à balles réelles »

Source : RFI

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