Si en 1992, la démocratie malienne était vantée par tous en Afrique et en Europe, comme un bel exemple de démocratie, c’est le contraire en 2020. Cette descente aux enfers trouve son explication dans une violation flagrante des textes par les tenants du pouvoir. Chacun croit que la loi est faite pour les autres et doit s’appliquer aux autres, pas à lui. Il urge pour sauver notre pays que le président de la Cour constitutionnelle, Amadou Ousmane Touré et les autres sages ont l’obligation de dire et de faire appliquer avec rigueur le droit, sinon ce serait le «yèrèsago kè» (à ma convenance). Cela a déjà commencé avec la nomination des membres du Conseil national de transition (CNT).
Les cent-vingt et un (121) membres du CNT nommés par le vice-président du Comité national de salut du peuple (CNSP), le colonel Assimi Goïta, ont fait leur rentrée au Centre international de conférence de Bamako (CICB), le samedi 5 décembre 2020, avec comme président élu, le colonel Malick Diaw. Outre le président de cet organe législatif qui est un militaire pour une première au monde, d’autres militaires en fonction ou à la retraite ont fait leur rentrée dans ce conseil avec fracas comme si notre pays est une République bananière.
Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, les chefs militaires, les démocrates se servent du droit pour tuer le droit. Quand le politique échoue, c’est le droit qui le règle. Quand le militaire se fait passer pour un hors la loi, c’est le droit qui le met au pas. La devise de l’armée est: «détruire pour construire et servir». Le CNSP a détruit ce qui restait encore du Mali: le droit, la loi, les textes, notre devise (un Peuple, un But, une Foi). Pour remettre notre pays dans les mains d’hommes illégaux et illégitimes.
Après installation des membres du Conseil national de transition (CNT), le Comité national de salut du peuple (CNSP) est appelé à disparaître conformément à un accord signé avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour le moment, rien du tout. La Charte de la transition et la Constitution de 1992 évoluent ensemble au moment où le vice-président du CNSP parle de relecture des textes.
Dans quel pays sommes-nous ? Sans faire le procès des hommes politiques ou tirer à balle réelle sur le CNSP, le Mali est l’otage des politiques aussi bien que des militaires pour non application des textes fondamentaux qui régissent notre pays et une violation flagrante de la Charte de la transition. Il revient à l’auguste Cour constitutionnelle de sévir en appliquant la loi. Car au Mali, on se sert du droit pour tuer le droit. Nous avons besoin d’un juge à la carrure de Kéba M’baye, juge Sénégalais, qui a dit le droit pour sauver son pays. C’est pourquoi, il a été crée un prix pour sa droiture en faveur du droit et son patriotisme pour son pays: Prix Kéba M’baye pour la bonne gouvernance.
Certes, le Mali regorge de bons et loyaux juges mais, certains n’osent pas franchir le rubicond. Aujourd’hui, notre pays a plus besoin de justice que de démocratie. Amadou Ousmane Touré, président de la Cour constitutionnelle, les regards des Maliens sont tournés vers vous et les huit (08) autres Sages.
Fatou CISSÉ
Source : Inter de Bamako